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Basile, invité chez Plage Club vendredi | Interview

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On discutait il y a peu de son dernier EP Harmony Of Tension, sorti en totale indépendance fin 2016. Cette fois-ci, c’est à l’occasion de sa venue à la prochaine soirée Plage Club de ce vendredi à Nancy que l’on a pu poser quelques questions au DJ et producteur Basile. Retour sur son déjà très riche parcours dans la musique, entre Paris, Grenoble et l’Angleterre, Boiler Room, Soukouch Ethnik, en passant par Pelican Fly.


Tu es basé à Grenoble, ça bouge bien là-bas non ?

À Grenoble j’ai mon petit groupe de potes, il se passe deux, trois trucs mais bon c’est pas grand chose. Ça va l’année dernière il y avait les Mercredis Pimentés, c’était plutôt sympa il y avait un peu de monde, ça donnait l’occasion d’écouter autre chose que de la techno. Cette année c’est dans un autre bar (NDLR : les soirées Processing Tool, à ne pas manquer si vous êtes dans le coin) mais ouais ça se passe, sans prétention, pas un monde fou mais une petite communauté qui s’anime. J’y ai joué la semaine dernière, c’était sympa, c’est un petit bar (NDLR: le Mark XIII, idem si vous passez pas loin), on connaît un peu tout le monde, le bar a une déco un peu cyber punk / metal, donc tu as un peu envie de jouer des trucs un peu froids. Ça te met dans une ambiance.

Comment as-tu commencé dans la musique ?

À la base si j’ai commencé la musique, c’était pas pour être bedroom producer, mais pour jouer du synthé dans des groupes. Autour de moi tous mes potes étaient un peu dans la musique genre rock, indie etc… moi j’avais pas envie de jouer de guitare et un pote jouait déjà de la batterie donc j’ai décidé de jouer du piano. J’aimais bien toutes les productions qui avaient du synthé. J’ai pris des leçons de piano, plus jazz, pendant trois ans. Le truc c’est que j’avais pas de piano chez moi, et comme mon grand frère, qui fait de la musique aussi, connaissait déjà des logiciels en tout genre du type Reason, il m’a filé un clavier midi et un de ces programmes pour que je puisse faire du piano et m’entraîner chez moi. C’est un peu la période où on a commencé à s’intéresser à des trucs plus électroniques et on s’est rendus compte qu’avec Reason on pouvait composer ça. On a commencé à tâtonner chacun de notre côté en fait… et puis après j’ai jamais arrêté.

Après je suis parti à Paris, c’était le lycée. Je connaissais personne donc j’avais pas mal de temps, à fond passionné de musique, j’écoute de tout, je fais de la musique, c’est les débuts de SoundCloud quand c’était encore une petite communauté, j’envoie des trucs à des labels pour essayer de me connecter avec des gens quoi. J’ai pu faire pas mal de connexions et il y a eu plein de projets ensuite. Sous le nom Prince Jean d’abord, il y avait Soukouch Ethnik, après j’ai trainé pas mal avec Pelican Fly, donc ça ça m’a mis dans le bain. J’avais 18 ans, Pelican Fly commençait à sortir des trucs comme Sinjin Hawke, ça m’a bien aidé à progresser on va dire.

Après j’ai toujours continué à faire de la musique, à en envoyer à des gens. Depuis 2014, je me suis connecté avec Gang Fatale. On a commencé à faire des trucs. Je les avais rencontrés avant, puis je suis allé les voir en Angleterre et voilà, ça suit son petit chemin. Chez Gang Fatale il y a un projet qui est sorti en octobre, un deux titres auquel j’ai pas mal contribué : Key Amour // on Ligne. Puis la compile Pleasures & Qs III, avec pas mal de collaborations aussi. On a des trucs dans les tuyaux, très tranquillement on va dire. Moi cette année je suis pas trop pressé, je me concentre sur mon Master 2, et j’aimerais changer un peu ma manière de faire.


Le single de Gang Fatale qui comprend la participation de Basile.

J’ai sorti mon dernier projet récemment, Harmony Of Tension, plus ou moins avec Gang Fatale, car j’avais envie d’être assez indépendant sur le projet. Il y a une collab avec Neana qui était venu chez moi à Grenoble l’année dernière. Je lui ai fait écouter un son que j’avais déjà commencé, il a rajouté un petit truc et je l’ai réutilisé pour mon EP.

Tu as plus l’habitude de travailler à distance ou tu as besoin d’être en studio avec les gens avec qui tu collabores ?

Je fais les deux, parfois quelqu’un fait un morceau, quelqu’un d’autre aimerait essayer de rajouter quelque chose dessus, par internet, Google Drive, on a aussi des fichiers Live en commun. Je suis allé à Manchester cet été, l’année dernière à Londres, et quand on travaille ensemble c’est dix fois mieux, c’est plus intéressant. J’espère collaborer plus avec des gens en face à face. Je fais pas mal d’improvisations avec des potes, des jams. J’ai posté une petite impro du dimanche soir sur ma page Facebook récemment. Je réfléchis tranquillement à faire des lives. Au final la musique que je fais moi tout seul c’est moins des trucs club et forcément c’est moins intégrable à mes DJ set.

Je suis allé à Turin en novembre à club to club, il y avait beaucoup d’artistes électroniques qui faisaient des lives et là j’ai un peu compris la puissance du live en fait.

Tu peux faire des trucs bien expérimentaux, louches, pas dansants… à club to club il y avait énormément de gens captivés par le moment. Niveau créativité c’était bien ouf. Après faire un live c’est beaucoup d’organisation car tu dois penser la musique que tu fais pour être jouée en live. Mais je pense en tous cas que ça se profile vers là pour moi pour la suite. Après sinon je continue toujours les DJ sets, j’aime beaucoup, autant en radio qu’en club. J’aime bien faire des ponts, des liens entre plusieurs styles de musique afin de dégager une vibe générale bien dansante.

En fait j’aborde le DJ set comme un DJ qui ne ferait pas de son.

Je fais plein d’edits club mais je trouve pas ça intéressant de les sortir, c’est juste des petits bootlegs. Quand je fais de la musique, c’est pas du tout la même chose, donc l’idée de me dire que je vais faire des musiques qui vont s’adapter à mes DJ sets, qui de toutes façons changent tout le temps de style, de tempo au gré des découvertes, ça ne colle pas.

Tu fais beaucoup de sets en radio, tu as une manière totalement différente d’aborder ton set que tu sois en club, en radio ou bien comme récemment au Boiler Room ?

Oui carrément. J’écoute beaucoup d’émissions de radio, notamment sur NTS, des mixes pas forcément qui vont te faire danser, mais plutôt qui vont t’emmener à droite, à gauche. Dans mes mixes radio je vais partager autre chose que dans un set en club où là il y a quand même l’idée  de jouer des musiques qui tabassent un peu.


Basile sur Hotel Radio Paris.

À club to club j’ai vu Total Freedom pour la première fois, c’était un truc de ouf, il équilibre énormément ses sets entre des morceaux qui vont te faire danser tout de suite, des passages bien chelous, pour tout de suite revenir sur des trucs très dansants. C’était une grosse expérience.

Dans mes DJ sets, chaque morceau après le morceau joué ne sera pas dans le même style et le même univers que le précédent. Dans le mix il y a un truc qui se passe, c’est la rencontre de différents univers. Au final dans la musique que je fais il y a aussi cette idée de synthétiser tout ce que j’écoute pour avoir après ma propre créativité là-dessus, c’est pour ça que se rejoignent mes mixes et mes productions en fait.

Au niveau de la composition de tes morceaux comment travailles-tu ? 

La base c’est l’ordi, j’utilise pas trop de sample, je compose mes mélodies. Niveau analogique récemment j’ai eu quelques objets chez moi donc je teste d’autres trucs.

Tu as sorti récemment ton dernier EP Harmony Of Tension tout seul, c’était pour avoir une totale liberté sur ce projet ?

Oui c’est ça, c’est quelque chose d’assez spécial et j’avais besoin de le faire tout seul, sans envoyer des versions intermédiaires et attendre des retours. Ça m’a pris un temps fou.

Je me suis posé plein de questions du type :  » Pourquoi je sors de la musique en fait ? ».

C’était un projet très personnel mais je voulais qu’en même temps tout le monde puisse se relier à ce projet de la manière dont il le souhaitait. J’ai travaillé avec plusieurs personnes au final, dont Charles Prieur qui a fait la pochette, on a beaucoup discuté ensemble, mais aussi avec Naïm Aït-Sidhoum qui a réalisé la vidéo du titre Growing From Concrete. J’ai sorti des trucs sur un label avant, mais je crois qu’en fin de compte aujourd’hui ce n’est pas essentiel de sortir sur un label. C’est très bien pour la visibilité mais au final ça ne change pas des masses. Je crois que j’ai réussi ce que je voulais, je voulais que les gens qui connaissent mon travail soient contents de ce projet.


Le clip de Growing From Concrete, réalisé par Naïm Aït-Sidhoum.


Harmony Of Tension, le dernier EP de Basile.

Et du coup tu as trouvé la réponse à pourquoi tu sortais de la musique ?

Oui ! L’idée est d’avoir un minimum d’honnêteté par rapport à ma position. Je vais pas sortir du tribal guarachero, même si j’aime bien, je ne vais pas faire ça. Je voulais livrer mon expérience personnelle, et je pense que quand on a cette démarche là ça aboutit à quelque chose de pas trop mal. Je pense que beaucoup d’artistes que j’apprécie sont dans cette démarche, peu importe le style, c’est surtout ça qui est bien de mettre en avant.

Tu as participé au Boiler Room il y a quelques mois, que retires-tu de cette expérience ?

C’était un bon exercice ! Un peu de pression quand même. J’avais bien révisé mon oral on va dire. Après sur le moment ça va. C’était pas parfait, mais bon ce sera jamais parfait je pense. L’ambiance dans la salle était bien cool. Je jouais en premier et j’avais envie de faire un truc un peu bizarre, c’est à dire l’inverse d’un schéma type d’un DJ set. Normalement tu fais progresser les gens d’un truc plus doux, plus lent vers un truc plus chaud à la fin pour les exciter petit à petit, et moi c’était l’inverse que je voulais faire. J’ai attaqué direct et ça n’en finissait pas de descendre en tempo. Après c’était OKLOU qui jouait pour un live donc je pense que c’était mieux de penser la soirée comme ça.

Quand Teki est venu jouer à Grenoble pour Narco Polo, on discutait et il m’a demandé si j’étais dispo en juillet pour une Boiler Room. Je lui ai dit « vas-y, on est là. »

Tu avais fait Overdrive Infinity aussi ?

Oui, une fois tout seul et une autre fois avec Feadz, Orgasmic, Teki et Betty, des gros DJs qui ont tous environ dix ans d’expérience de plus que moi, c’était vachement bien ! Ça fait plaisir d’être invité par des gens que tu respectes musicalement.


Overdrive Infinity B2B new year mix

Tu as prévu des choses en particulier pour la soirée Plage Club de vendredi ?

J’ai réfléchi, de toutes façons ce sera quelque chose qui va évoluer, avec des trucs plus lents ou tropicalisant. Très récemment je me suis mis un peu à la jungle, IDM donc j’en jouerai sûrement. Aussi du rap, il y aura forcément du rap, je suis prêt à tout faire ! J’ai choisi large et je m’entraîne avec mes petites playlists.


Retrouvez Basile à la soirée Plage Club ce vendredi à Nancy, toutes les infos sont dans l’event Facebook, ou en cliquant sur l’image ci-dessous ou bien en visitant www.plageclub.xyz.

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