Fullfridge Music : « We Believe in Localwide Weirdos »

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Grâce à la magie des internet, à la viralité des publications, et d’une, finalement pas si mauvaise, filiation suggérée par les réseaux sociaux,  j’ai pu faire la connaissance de Mike, aka Cloundnumber (ou Cloudn#), fondateur du pertinent label Fullfridge Music. La maison de disques grenobloise artisanale m’avait déjà attiré l’attention, notamment avec la sortie de Mock The Zuma sur le label et le passage de ZUTZUT dans l’émission de radio de celui-ci. Puis, un paquet d’inbox et de discussions sur des musiques électroniques riches en « weird bass » plus tard, c’était très clair : il fallait absolument interviewer Cloudnumber afin qu’il présente lui-même le projet Fullfridge Music dans nos colonnes. Et comme pour une fois CxC n’est pas TROP en retard sur une actu, vient tout juste de sortir (mardi 9 juin 2015) la première compilation du label intitulée Classics From the Bluweirdo : Perspectives on sounds with a World-Fi Tribe (focus et stream en fin d’interview).


Fullfridge Music : « We Believe in Localwide Weirdos »

Qu’est-ce que Fullfridge Music et comment naît l‘idée ?

Fullfridge Music, c’est le nom du label, et un moyen mémo-technique de se souvenir du code du coffre où l’on a l’habitude de ranger les idées et expérimentations en cours. C’est aussi une équipe qui réunit une bande d’amis et artistes avec qui on travaille depuis un moment sur des projets à la fois persos et communs.

L’idée s’est concrétisée en janvier 2011 en réponse aux univers et aux productions de mon entourage. Il m’a semblé essentiel de monter une structure de production pour réunir une famille et matérialiser ses écrits. C’est ce que je fais depuis à travers les disques et autres supports d’écoute que nous fabriquons dans un esprit plutôt DIY, du mixage à la pochette.

Quelle est l’ambition du label ? Le concept ?

Il n’y a pas vraiment d’ambition avec un business plan derrière. L’idée de départ pour moi, c’est de pouvoir collecter le travail des producteurs qui m’entourent, qui viennent vers moi, ou dont je vais à la rencontre.

C’était aussi, au début, une envie de mettre en avant une scène de « bedroom producers », et de pouvoir les accompagner en actant des sorties en digital en premier lieu, avant de les suivre sur des disques.

En parallèle, il y avait aussi l’idée de réfléchir ensemble avec les artistes à tous les formats possibles sur lesquels tu peux sortir du son, du vinyle à l’objet DIY en passant par la performance ou la mixtape. Bref, de donner une visibilité à une bande d’artistes liés par une idée de recherche musicale et une humeur commune.

De part et d’autre d’internet, il existe une multitude de nouveaux styles, de ramifications et de réseaux. Le notre s’appelle le Bluweirdo. C’est une forme de délire un peu ethnologique, de chambre à chambre, de salon à salon, qui me fascine et c’est un peu la raison pour laquelle cette compilation a vu le jour (NDLR : Classics from the Bluweirdo : Perspectives on sounds with a World-Fi Tribe, teaser juste en dessous et focus sur la compil en fin d’article ;)). Aujourd’hui, Fullfridge Music regroupe des producteurs qui bossent tous d’une manière très différente et c’est aussi ca qui est excitant. Ce réseau tissé entre des artistes tous orientés à leur manière autour d’un mélange syncrétique entre traditionnel, futurisme, spirituel, spontané, dark, love, populaire, rythmique, expérimental, organique, digital lo-fi etc…


Focus et stream de la compil en fin d’article !

Où se situe Fullfridge Music dans la scène musicale électronique ?

En grossissant un peu le trait, ce serait quelque part entre la scène dance music et la scène expérimentale, dans leurs acceptions les plus larges. En termes d’héritage, je dirais que l’ère post-punk a joué un rôle important pour moi, notamment pour tout ce qui touche la considération des traditions et du caractère ethnique et de ses emprunts dans la musique. Ses aspirations populaires aussi. C’est un sentiment que j’ai retrouvé plus tard avec le dubstep de 2003/2004, et qui a aussi fait murir ce projet de représenter des musiques qu’on peut appeler de « niche », ne serait-ce que par nécessité de faire vivre les ovnis musicaux de mes amis.

Ensuite, pour dresser un panorama un peu plus large, on est tous fascinés par les pionniers du G.R.M., des compositeurs comme Steve Reich, Charlemagne Palestine, Richard H. Kirk et Matthew Herbert ou encore les travaux de labels comme Ocora ou Le Chant du Monde. Et en ce qui concerne ce qui se fait à l’heure actuelle, on se sent assez proches de labels défricheurs comme Morphine, Principe Discos, In Context Music, Opal Tapes, Sahel Sounds, N.A.A.F.I., Local Action, Young Echo, Diskant, Diskotopia, Arabstazy ou encore Laitdbac.

On peut lire sur ton site « We believe in Localwide Weirdos », ce qui ressemble assez à un slogan… qu’entendes-tu par là ?

En fait, la notion de musique locale et mondiale ne veut pas dire grand chose pour moi. C’est pour ça que j’aime les mettre au même niveau. Tout est question de singularité.

Il y a des scènes, dans le rap notamment, qui ne dépasseront jamais la localité dont elles sont issues, et c’est aussi bien comme ça. Mais ça ne va pas les empêcher d’influencer d’autres artistes pour autant. Yung Lean, il vit en Suède, mais si tu lui demandes de s’identifier à une scène, il va te citer Atlanta, Houston ou Memphis. Et à l’inverse, tu as d’autres scènes qui vont se développer très vite à grande échelle dans le monde entier à partir d’un noyau localisé. Ça a été le cas avec la scène dubstep du Sud de Londres, la juke et le footwork de Chicago…

D’ailleurs, quand tu observes, historiquement, la façon dont l’accélération de la house de Chicago a donné naissance à la juke, est-ce qu’il n’y a pas un parallèle à faire avec l’évolution musicale de la scène électronique sud-africaine, avec le kwaito qui démarre sur un beat de house US ralenti, et une dizaine d’années plus tard, l’émergence d’un style aussi rapide et frénétique que le shangaan électro ? Toutes ces évolutions se retrouvent partout, et la scène lusophone l’a encore prouvé récemment avec la scène tarraxinha actuelle de Lisbonne, qui n’est qu’une forme abstract, ralentie et encore plus syncopée du kuduro angolais.

Les scènes se développent à la vitesse de la lumière avec des artistes à priori influencés par la même base dance mais qui l’honorent et la subvertissent en même temps par un niveau d’expérimentations sans limites.

Pour en revenir aux « localwide weirdos », c’est aussi un clin d’œil à certains clichés d’exotisme, que l’on entend souvent quand on parle d’un artiste, ou d’une scène en particulier. La provenance géographique semble encore un élément déterminant, qui efface parfois le brassage constant des styles depuis toujours. On est passé de la musique World à la musique Global… Ok, le terme a changé, mais pour moi le constat est le même, tout est une question d’hyper-localités que tu peux comparer dans certaines mesures avec d’autres endroits dans le monde. Avec ou sans Internet, il y a toujours eu des millions de brassages depuis le colonialisme. C’est cool d’essayer de limiter les amalgames du mieux qu’on peut.

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Un label aux airs d’une « épicerie de quartier »

Comment fonctionne le label ?

On fonctionne un peu comme une épicerie de quartier : on privilégie la proximité physique ou spirituelle, on vise l’essentiel, on est ouvert tous les jours, au pire on met un mot sur la porte, nos disques ne sont pas plus chers qu’en supermarché et en plus on fait parfois crédit.

Plus sérieusement, je suis seul à m’occuper de la direction artistique, et fonctionne davantage dans l’idée de réunir un collectif de producteurs que de parfaire un catalogue représentatif. A mes côtés, je suis entouré localement par une équipe petite mais assez complète, qui m’assiste en son, image, Internet et communication.

Depuis 2011, la famille s’est agrandie, et aujourd’hui, l’idée c’est de pouvoir suivre chacun des artistes et de développer leurs projets. On est toujours en contact, et les projets sortent l’un après l’autre, sans ordre particulier.

Qui sont les membres de l’équipe et comment vous répartissez vous les tâches ?

Pour l’identité visuelle et le facing des produits mis en rayon, je bosse avec Rémy, du cabinet graphique BrestBrestBrest. Il a tenu pendant des années l’excellent label de pop artisanale Sorry But Home, et tourne aussi en solo sous l’alias de Chevalrex. Il a aussi monté depuis peu un nouveau label Objet Disque, qui regroupe une nouvelle race (ou pas) de chanteurs français. Pour l’ingénierie du son, je bosse avec Kinou, un ami d’enfance, et pour tout ce qui est photographie, je travaille avec Pauline alias Lily Cup, une photographe qui a fait pas mal d’expos récemment, et travaille beaucoup autour du thème de l’ironie. C’est elle qui fait 99% des photos et vidéos du label et du collectif. Elle est parfaite.

Enfin, il y a aussi Alexandra, notre correspondante japonaise, qui s’occupe de la traduction de nos notices explicatives, Coralie qui gère notre merveilleux site web et son codage sans faille, et Damien, un rédacteur avec qui j’anime en parallèle Blasterama, une émission de radio mensuelle sur Campus Grenoble focalisée sur les micro-scènes urbaines des cinq continents qui mélange curiosités et nouveautés, passé et futur, pop et ghetto, dance et expérimental. Quant à moi, je gère tout ce qui est direction artistique et management.

Au delà de cette équipe rapprochée, je fais aussi appel à des prestataires externe pour certaines étapes du disque, comme le mastering vinyle. Pour nos premières sorties, on est passés par DK Paris et Dubplate Berlin, et pour la sortie des vinyles de Mock The Zuma et Lokom, j’ai fait appel à Rashad Becker que tu connais sans doute, qui nous a fait un travail fabuleux. Pour l’anecdote, je suis d’ailleurs super fan de ses projets persos sur Pan et Apparent Extent, et notamment de l’approche ethnique qu’il réussit à y injecter.

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Le « mariage libre » entre Fullfridge Music et ses artistes

Comment découvres-tu les artistes de ton label ?

Ça se fait assez naturellement, par le biais de connaissances communes, ou au gré de mes diggages personnels sur le net ou dans les bacs. Mock The Zuma par exemple, je l’ai découvert un peu par hasard en tombant sur son Soundcloud. Zoltan a suivi plus tard, car il avait fait connaissance avec Mock The Zuma. Hasan Hujairi, je l’ai rencontré en faisant des recherches sur la scène expérimentale actuelle du Moyen-Orient dans le cadre d’un projet de session radio. Dogboy, Zied, Lindus Phrasen, The Uncowl et Synaptic je les ai connus via cette scène early-dubstep parisienne que je fréquentais à l’époque. Avec A Taut Line, qui gère le label de Tokyo Diskotopia avec BD1982, on a lié connaissance car on s’envoyait nos sorties respectives. Et pour Don’t DJ, qui joue aussi dans l’excellent groupe The Durian Brothers, la rencontre s’est faite naturellement parce qu’on s’intéressait tous les deux à la notion d’exotisme appliquée à la musique. Bref, c’est un peu des concours de circonstances à chaque fois.

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Qu’est-ce qui te convainc de produire un artiste plutôt qu’un autre ?

C’est avant tout une rencontre avec l’artiste, ça me parait essentiel. Pour chacun des projets que l’on a réalisé, il n’a jamais été question de cibler un artiste et des morceaux en particulier, ou d’inviter un gros artiste pour nous donner la lumière. Je n’ai jamais essayé de faire de remix de parrainage par exemple. Après c’est une collaboration différente à chaque fois, certains artistes vont travailler dans leur coin, te délivrer leur projet clé en main et on en discute par la suite, alors qu’avec d’autres, je vais prendre part plus en amont à la direction artistique des morceaux. On vit en mariage libre en quelque sorte.

Ensuite, j’essaie toujours aussi d’amener en loosdé des artistes vers des side-projects qu’ils n’oseraient pas forcement proposer aux labels avec lesquels ils bossent régulièrement. Par exemple Lokom, qui a sorti récemment en digital pas mal de projets dark abstract bien musclés, et bien à peu près au même moment, il sortait sur Fullfridge son premier vinyle avec une symphonie à la fois douce, fulgurante et chevaleresque.

Une anecdote à propos d’un producteur en particulier ? Une rencontre que tu aimerais partager avec CxC ?

Avec Kevin (Mock The Zuma), on s’est d’abord rencontrés il y a cinq ans sur Soundcloud, presque par hasard, avant même que j’aie l’idée de monter un label… Deux ans après on ouvrait les hostilités avec un premier maxi en digital et encore deux ans après, on produisait son premier EP en vinyl. Du coup, pour l’occasion, j’ai été lui rendre visite au Mexique l’année dernière, en février/mars 2014, dans le cadre du festival Nrmal de Monterrey auquel il participait.

Pour te situer un peu le truc, Nrmal, c’est un festival en pleine ascension, avec un line-up assez pointu qui mélange assez subtilement des artistes locaux et internationaux. Comme, Kevin est également proche du collectif NAAFI, on a d’abord passé quelques jours à Mexico City chez ces derniers, qui nous ont superbement accueilli. L’occasion d’enchainer quelques plans soirées assez dingues, comme un concert de musique expérimental nocturne au Musée du Jouet de Mexico, ou un after dans un warehouse blindé avec Total Freedom aux platines pendant 3 heures.

On a ensuite rejoint Kevin à Monterrey, qui jouait dans un club baroque tout chelou avec des têtes d’animaux empaillés, et quelques jours plus tard, on assistait ensemble à la clôture du festival avec Spinn et Rashad (RIP) réunis aux platines pour un set de folie, le tout sous une pluie démentielle et entourés d’un public remonté à bloc. Un grand moment ! Au-delà de ça, ça a été surtout l’occasion de discuter en profondeur avec Kevin, qui fait partie des producteurs les plus solides et généreux que je connaisse, et dont le Replicators EP est sans doute l’une des sorties Fullfridge dont je suis le plus fier.

N’oubliez pas de commander le vinyle ;)

Des CDs, des vinyles, des cassettes, des objets promos bizzares, des émissions de radio…

Fullfridge Music publie essentiellement en digital, mais le catalogue compte également des sorties vinyles, et même une cassette… Pour Fullfridge c’est important de pouvoir proposer des sorties physiques ?

Au lancement du label et pendant ses deux premières années, de 2011 à 2013, on a fait le choix de présenter la famille, et le digital allié à la gratuité a été un bon moyen de faire parler de l’équipe d’artistes qui construisaient peu à peu le catalogue. Mais depuis deux ans, dans un souci de développement aussi bien pour le label que les artistes, on est sorti du schéma net label pour se concentrer exclusivement sur le physique, même si nos sorties restent bien sûr toujours disponibles en digital. On a grandi avec les vinyls, les cds, les cassettes, les objets promos bizarres avec de la musique à choper dedans. Ça nous parait logique. Après c’est aussi une question de contexte, le type de musique dépend parfois de son support d’écoute initial.

Je n’ai rien contre le 128kbps et les compositions ringtones si l’idée et l’émotion sont là. Encore moins contre la rencontre d’un monde organique et d’un monde digital, je rêve des deux la nuit.

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Fullfridge Music c’est un label, mais pas que, peux-tu nous parler de vos évènements et de vos radioshows ?

En parallèle aux sorties du label, j’ai lancé en 2013 les « Weird in Sessions », un projet de résidence nomade qui se décline aussi bien sous forme de soirées que d’émissions de radio. L’idée, c’est d’offrir un terrain propice à l’expérimentation aux artistes du label mais pas seulement. Comme ces sessions se mettent en place au gré des rencontres, leur fréquence, bien que soutenue, est complètement irrégulière. Et le fait qu’elles se déroulent à chaque fois dans des lieux différents influe aussi beaucoup sur la forme qu’elles vont adopter. Du fond d’un salon jusqu’au hall d’un musée en passant par une fête à l’air libre, tout est prétexte à marquer le coup le temps d’une session. Et au même titre, tous les supports sont permis et conseillés, de la partie de jeu vidéo en direct jusqu’aux plus sombres instruments traditionnels, mais sans snober non plus la bonne vieille prise USB. Évidemment, c’est aussi le moyen de tenir le journal du label à jour en diffusant les dubs, les sorties à venir et celles des labels amis, mais ça nous donne surtout l’opportunité de partager la scène avec des artistes de passage, voire invités pour l’occasion.

L’été dernier par exemple, on a organisé un « Weird in Summer Camp » en plein air avec Daleduro du collectif argentin Bully Bass, l’un des principaux activistes de la scène bass expérimentale de Buenos Aires. En collaboration avec Blasterama, on a aussi invité ZUTZUT, un artiste de NAAFI qu’on avait déjà rencontré au Mexique, à faire une escale à Grenoble au milieu de sa tournée européenne. Un peu plus proches de nous, Zied et Mettani, du collectif franco-tunisien Arabstazy sont aussi venus faire des live à Grenoble dans des endroits un peu improbables. Et au milieu de tout ça, pas mal d’émissions en direct ont aussi vu le jour, que ce soit avec le Berlinois Don’t DJ, présent sur la compilation, le digger écossais Fergus Clark, qui anime la fameuse émission de Glasgow 12th Isle Transmissions, ou encore la fondatrice de Chica-Chic DJ Rescue. Tous nous ont d’ailleurs offert des sets assez fabuleux, portés par la même volonté de diversité dans la sélection que l’on retrouve au sein de Fullfridge Music.

Quels sont les projets de Fullfridge Music à venir ?

Il y a pas mal de choses en cours pour 2015 et 2016, j’essaye de garder la surprise à chaque fois mais certains artistes de la compilation, et même d’autres compadres non présents sur ce projet, devraient débouler dans un délai plus ou moins court sur des formats EP, performance live enregistrées ou d’autres formats plus obscurs encore pour certains. Bref, des sorties vinyles et cassettes essentiellement, quelques produits DIY aussi et un projet de « Weird in session » filmé qui devrait, on l’espère, en surprendre plus d’un. J’ai également envie de pousser la création radiophonique plus en amont… Comme le dit notre slogan, Next One is Always a Special/ Wait For the Signal!… Il faut se tenir prêt !

Et pour finir, si on vient à Grenoble, où est-ce qu’on peut écouter des Localwide Weirdos ?

Et ben si tu connais pas l’emplacement des bons passages secrets, c’est pas évident en fait ! Passé la façade étudiante erasmus pépère, Grenoble, c’est un peu la jungle amazonienne : il y a toute la faune et la flore dont tu peux rêver mais en très peu d’exemplaires, il se passe des choses vraiment magiques mais à un endroit précis et à un moment donné seulement. Du coup si tu n’es pas accompagné du bon guide, tu peux facilement louper le truc de ta vie, et rentrer chez toi penaud avec des ampoules à force de tourner en rond. En revanche, si la chance est avec toi, tu peux tomber sur des véritables institutions de fête bon esprit, des sortes de block party improbables et de véritables moments de rave. Bref, le mieux à la limite, c’est que tu passes à mon épicerie en début d’après-midi, et je te présenterais les bonnes personnes.


FOCUS


Classics from the Bluweirdo : Perspectives on sounds with a world-fi tribe, première compilation de Fullfridge Music

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Tu viens de sortir la première compilation du label, Classics From the Bluweirdo : Perspectives  on sounds with a World-Fi Tribe. Tout d’abord peux-tu nous expliquer le titre de cette compil ?

Le Bluweirdo pourrait s’apparenter à une sorte d’île musicale dont sont originaires tous les artistes présents sur la compilation. S’ils composent désormais une diaspora répartie entre Ciudad Juarez, Tokyo, Manama, Le Caire, Tunis, Philadelphie, Montréal, Amsterdam, Berlin, Paris, Biarritz et Grenoble, chacun d’entre eux continue de louer à sa façon cette terre d’origine, qu’ils ont tous quitté avec regret. Du coup, en attendant de peut-être pouvoir y retourner un jour, ils restent en contact via différents réseaux et connections Wi-Fi, et expriment par le biais des morceaux de cette compilation, reliés par un fil conducteur invisible, les vision et les humeurs qui les animent à la pensée de leur terre natale.

Quelle est l’idée derrière cette compilation ?

Le principe de cette compilation, c’est de refléter une certaine idée de la musique électronique « sans choix d’école », mais qui irait puiser ses expérimentations dans les musiques ethniques. En d’autres termes, on cherche plus ou moins à prendre la relève 2.0 des compilations Ocora. Pourquoi pas !? Tout dépend de la vision que l’on s’en fait. Bien sûr, on ne collecte pas les sons de la même manière, on fait ça chez soi, à distance, en évoluant entre différentes plateformes musicales liées de près ou de loin entre elles, et évidemment, la subjectivité prend le pas sur l’objectivité vu qu’on fonctionne par coup de cœur sur des artistes, des morceaux. Mais d’une certaine manière, c’est vrai qu’à travers cette compilation, et par extension le label, il y a une volonté, aussi naïve soit-elle, d’essayer de concevoir ce que pourrait être un enregistrement de type Ocora ou équivalent en 2015.

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Et pour commander l’élegante édition physique limitée de Classics From The Bluweirdo, c’est par ici.


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