Interview Tiers Monde – sortie de l’album Toby Or Not Toby

Le rappeur Tiers Monde vient de sortir son premier album Toby Or Not Toby, que nous vous recommandons chaudement d’acheter. Originaire du Havre comme moi, rattaché au label Din Records (indépendant depuis 15 ans), c’est un artiste que j’ai découvert dès ses débus avec le groupe Bouchées Doubles. Il était évident pour moi d’aller à sa rencontre et de lui poser quelques questions. Un entretien réalisé au McDo des Grands Boulevards à Paris. Au calme avec mon gars sûr Julien Thollard.

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Couvre x Chefs : Salut Tiers Monde, peux-tu te présenter pour les lecteurs de CxC ? D’où viens-tu et quand est-ce que tu as commencé à rapper ?

Tiers Monde : Salut moi c’est Tiers Monde, je suis un rappeur originaire de la ville du Havre : je suis issu du groupe Bouchées Doubles, lui-même issu du label de rap indépendant Din Records. J’ai commencé le rap il y a 15 ans, au collège où j’ai fait mes premières classes avec Médine et toute la scène locale du Mont Gaillard. Et puis petit à petit on s’est tous professionnalisés.

CxC : Est-ce que tu te souviens de ton premier texte ?

Tiers Monde : Sincèrement, non. En fait au début je n’écrivais pas de textes entiers; j’écrivais plutôt quatre mesures par ci, deux mesures par là, avec quelques refrains aussi. Je les répétais pendant des semaines et les gueulais à qui veut l’entendre, et pour moi ça « faisait un album ».

CxC : Tu as évoqué ton groupe Bouchées Doubles, duo que tu formes avec Brav’, tu peux nous en dire plus ? Vous évoquez beaucoup le racisme et les différences de traitement entre blancs et noirs…

Tiers Monde : Ce n’est pas entièrement vrai ce que tu dis. On a commencé avec un premier maxi qui s’appelait « Quand ruines et rimes s’rallient », suivi du EP « Matière Grise » (tous deux disponibles ici). Ces deux projets là ne parlaient pas de racisme et de la différence de traitement entre les blancs et les noirs. C’est venu après, avec l’album «  Apartheid » où en étant plus matures et en ayant été confrontés à ce genre de situations et de problèmes, on a été amené à sortir en 2006 ce projet. C’est vrai que maintenant le racisme est un de mes thèmes préférés car bien qu’Apartheid soit sorti il y a huit ans, le problème n’est toujours pas réglé et il a même été amplifié.

bouchées doubles matiere grise

bouchées doubles apartheid

CxC : Je suis d’accord avec toi, quand je réécoute Apartheid, je trouve que c’est un album toujours d’actualité, qui n’a pas pris une ride et qui appartient toujours au paysage rap français. Est-ce que pour toi c’est une fierté ?

Tiers Monde : Bizarrement oui, j’en tire une grosse fierté. Ça a été un gros succès d’estime. D’ailleurs on m’en parle encore beaucoup, notamment les rappeurs que je croise comme Deen Burbigo qui me disent qu’ils ont été touchés par cet album là. Donc c’est une belle fierté mais aussi une belle déception que l’album n’ait pas plus contribué que ça au changement des choses aujourd’hui.

CxC : Moi ce qui m’avait étonné à l’époque, c’est que personne ne connaissait Din Records; Le Havre non plus, et pourtant vous sortiez des albums, vous faisiez des clips très bien réalisés (avec des plans aériens de la ville du Havre)… Est ce que tu es nostalgique de cette époque ?

Tiers Monde : Nostalgique, oui et non parce qu’être trop dans la nostalgie, ça rend les gens aigris. Moi je kiffe à mort cette époque car avec Bouchées Doubles, on avait été les premiers à faire le premier clip rap du Havre. C’est peut être rien pour les gens mais pour nous c’était énorme d’être des précurseurs dans notre ville. Réunir tout notre quartier (et d’autres quartiers du Havre) sur un seul et même projet, c’était énorme pour nous.

Clip de la chanson « Lis Nos Coeurs » du groupe Bouchées Doubles.

CxC : On va parler un peu de Din Records maintenant. Au début c’était une association, maintenant c’est une véritable entreprise qui emploie des personnes et reverse des salaires. Autant d’indépendance dans le rap français aujourd’hui c’est quasiment un cas unique. Mais à l’origine, Din Records c’est quoi ? Un groupe de potes ? La famille ?

Tiers Monde : C’est un mix des deux : famille et potes. Au début, le groupe pionnier du label c’était « Ness et Cité » constitué de Proof et Salsa (respectivement aujourd’hui beatmaker et directeur de Din Records). Proof il faut savoir que c’est le frère de Brav. Et que Brav était dans la classe de Médine à l’école. Donc Din Records c’est une histoire de famille et d’amitié, voire même de fraternité car le mot « amitié » n’est pas assez fort. Au final, Din Records c’est une grosse histoire de jeunes de quartiers qui sont frères de différentes manières et qui ont un projet en commun.

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CxC : Din Records c’est aussi une histoire de « débrouillardise » où chaque membre se spécialise dans une activité précise (réalisation de clip par exemple) car faire appel à des prestataires externes coûtait trop cher…

Tiers Monde : Ouais carrément. Par exemple moi, pendant très longtemps je m’occupais de la comptabilité du label, Médine était à la logistique, Brav était infographiste… On avait donc bien cet esprit de « débrouillardise » tout en étant autodidacte. C’est-à-dire qu’on a appris sur le tas plein de choses qu’initialement on ne savait pas faire. Cela a été très enrichissant pour tout le monde car ça nous a permis à tous de découvrir l’envers du game.

CxC : OK. On va se recentrer sur toi et ton rap. Din Records est souvent estampillé « rap conscient ». Toi comment tu te situes par rapport à ça ? Quand tu rentres en studio, tu cherches toujours à faire passer un message ? Un freestyle égotrip, est ce que c’est quelque chose que tu t’interdis ?

Tiers Monde : Moi déjà je n’aime pas les étiquettes. Parce qu’une étiquette, c’est fait pour être arrachée tôt ou tard. Moi je ne fais pas du rap « égotrip » ni du « rap conscient » ; moi je fais du rap réel. Je rap ce que j’ai envie de rapper : demain je me lève et je vois un truc qui me choque ou bien qui me fait rire, je vais rapper dessus.

CxC : Maintenant, on va parler de ton album « Toby Or Not Toby » (TONT). Toby, c’est le nom du personnage principal du roman « Racines » d’Alex Haley, qui a été adapté en série télé (Roots).

Tiers Monde : Ouais, alors le vrai nom du personnage à la base c’est Kunta Kinte. A un moment, il est torturé et fouetté pour finalement changer de prénom ce qui était une pratique courante du temps de l’esclavage. Son maître souhaite qu’il s’appelle Toby et symboliquement cela représente quelque chose de très fort car cela signifie qu’il doit faire une croix sur son passé et qu’il accepte sa condition d’esclave. Donc on a voulu prendre ce titre qui est assez représentatif de la série.

CxC : Avant TONT, tu avais sorti une première mixtape intitulée « Black To The Future ». En quoi la préparation d’un album diffère de celle d’une mixtape ? Pour moi, un album est un projet beaucoup plus construit et réfléchi…

Tiers Monde : En fait, l’album TONT était déjà en préparation à l’époque de Black To The Future, le morceau KroKop était initialement prévu pour l’album TONT. Personnellement, que ce soit un album ou une mixtape, moi j’essaie de me donner à fond ; bien que généralement on a moins de temps pour préparer une mixtape donc ça donne un résultat plus spontané. Pour ma part, à chaque fois que je rentre en studio, j’essaie d’être meilleur dans ma manière de rapper, dans mes lyrics… Mais je suis aussi d’accord avec toi : les mixtapes, c’est une salle d’entrainement où tu essaies des nouvelles choses et où tu te prépares pour l’album.

Clip de la chanson « KroKop » issue de la mixtape Black To The Future.
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CxC : Peux-tu nous en dire plus sur les thèmes abordés dans cet album ? Il y a bien sûr le thème de l’esclavage et l’homme qui accepte une situation de soumission qu’on lui impose… Tu peux en dire plus ?

Tiers Monde : En fait on a pas mal piégé les gens en leur parlant énormément de l’esclavage de l’époque avec ce qu’il se passait en Afrique et le commerce triangulaire. Et beaucoup de personnes ont pensé que l’album allait être essentiellement centré sur cet esclavage là. Mais on a très tôt senti le besoin de faire le morceau Toby Or Not Toby et de parler d’esclavage moderne. Aujourd’hui il y a différentes manières d’être esclave : que ce soit sentimentalement ou encore que ce soit esclave de l’argent avec les gens matérialistes. On a fait tout ça pour que les gens se rendent compte qu’on a peut être enlevé les chaines physiques de l’esclavage mais qu’on en a mis d’autres aujourd’hui.

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Cover de l’album Toby Or Not Toby (crédits photo : Koria).

CxC : Donc cet album, c’est une vraie réflexion sur la société d’aujourd’hui et un retour aux vraies valeurs, celles qui permettent de se construire humainement et d’avancer dans la vie.

Tiers Monde : Exactement, souvent je me fais une réflexion : nous on est là en France à charbonner pour avoir une certaine condition de vie. Je suis sûr qu’au bled ils charbonnent aussi et que quand tu fais un ratio,  il leur reste à peu près la même chose dans les poches à la fin du mois. A cause du prix de la vie qui est bien plus élevé en France. Là bas, au bled, ils connaissent le montant du SMIC en France, mais ils ne connaissent pas le coût de la vie et ce qu’il te reste à la fin du mois. C’est surtout ça qui crée un décalage. Et justement c’est une forme d’esclavagisme car on bosse pour une chose qu’on pourrait avoir dans de meilleure conditions et plus simplement ailleurs.

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Crédits photo : Koria.

CxC : Je vais faire une aparté, tu retournes souvent au Sénégal ?

Tiers Monde : Souvent oui et non… Ces quatre dernières années, j’y suis allé trois fois donc c’est pas mal.

CxC : Quand tu retournes là-bas, ça te permet de te ressourcer ?

Tiers Monde : En fait ça dépend où tu vas. Quand je vais à Dakar, ça ne me repose pas; c’est pire qu’une métropole française tellement c’est brouillon. Moi je suis originaire d’un petit village au calme, là-bas l’électricité se coupe à minuit, tu laisses tomber ton téléphone et tu te sépares de tout ce qui n’est pas indispensable. Tu te reposes et tu relâches la pression.

CxC : Pour revenir à ton album et aux producteurs avec qui tu as travaillé. Tu t’es entouré de Proof bien évidemment, de Richie Beats (Ma Parano), du Général, comment tu travailles avec eux ? Tu écoutes des instrus et tu poses dessus, ou bien tu as un texte et tu demandes à un producteur de te faire une instru pour ?

Tiers Monde : Cela dépend de pas mal de choses. Parfois, je passe en studio et j’entends une instru que je vais essayer de m’approprier et kicker dessus. Et parfois, je vais aller voir Proof avec une idée précise de beat en tête. Il faut savoir que Proof a une excellente capacité d’adaptation. Ce que je dis souvent, c’est qu’il y a les beatmakers et il y a les compositeurs. Pour moi, Proof était un beatmaker qui est devenu un compositeur. Demain je peux lui demander de la funk ou quoi que ce soit d’autres et je suis sûr qu’il saura me produire un son de fou. Il a une grosse culture musicale et c’est quelqu’un d’autodidacte qui sait s’adapter très rapidement. Là est la différence : il y a des mecs qui ne savent faire que du rap et il y a les compositeurs. Et pour moi, Proof c’est un compositeur.

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Proof, beatmaker attitré du label Din Records.

CxC : Et Richie Beats ? Général ?

Tiers Monde : Richie Beats il avait envoyé des instrus par l’intermédiaire d’Oumar et j’ai entendu la prod de Ma Parano. J’ai tout de suite kiffé et vu ce que j’allais rapper, raconter, et avec quel flow. Et Géneral, c’est le petit frère de Proof (pour continuer les histoires de famille) qui s’est lui aussi mis au beatmaking et qui a produit BBVJR et Affront National.

Moi je bosse au feeling. Mais j’avoue qu’avec Proof je peux être très chiant et méticuleux parce que je sais qu’il va pouvoir me faire l’instru que je cherche exactement.

CxC : Pour toi Proof a une réelle empathie pour l’artiste avec qui il travaille ?

Tiers Monde : Ouais, c’est un caméléon qui s’adapte. Par exemple, dans le prochain projet de Brav qui va arriver, il produit et explore encore de nouvelles choses.

CxC : On va parler des featurings : Soprano, Thelma, et Alivor. Je voulais revenir sur ta collaboration avec Soprano parce que je sais que c’est quelqu’un qui supporte Din Records depuis le début.

Tiers Monde : Ouais en fait Soprano nous supporte depuis le début. Moi je le connais depuis 2000. J’aime bien raconter cette anecdote. On s’est rencontrés pour le jour de l’an. On était les Havrais qui descendaient dans le sud à Marseille (le train était gratuit) pour célébrer le jour de l’an. On était fans de rap et on voulait rencontrer les rappeurs de la scène locale. On nous avait parlé d’un petit groupe qui commençait à monter « Les Psy 4 De La Rime» et par l’intermédiaire de Matéo chez qui on avait dormi (et qu’on ne connaissait pas !), j’ai rencontré Soprano. Donc c’est quelqu’un que je connais depuis très longtemps et qui a toujours répondu présent (et rapidement) et ce malgré l’envergure et la notoriété qu’il a maintenant.

Le morceau des Psy 4 De la Rime avec Bouchées Doubles « Micro Trottoir ».

CxC : Soprano, je t’avoue que sur le morceau, j’aurais bien aimé qu’il rappe !

Tiers Monde : Ouais, c’est la réflexion qui revient tout le temps !

CxC : En fait, quand j’ai appris qu’il allait collaborer sur ton album, je me suis dit qu’il allait rapper sale, comme au début, parce que Tiers Monde ne lui aurait pas laissé le choix ! Tu lui as laissé carte blanche ?

Tiers Monde : Mais en fait le morceau était déjà écrit, et j’avais besoin d’un refrain. Après, il faut savoir une chose : même avec le choix de carrière qu’il a fait, c’est quelqu’un qui découpe beaucoup de MC’s. Tout le monde le sait mais beaucoup de gens l’oublient. Et moi j’aime Soprano pour ce coté là. Son flow reste toujours dingue et les MC’s aujourd’hui qui parlent mal de lui; je les invite sur le même morceau pour voir qui tire son épingle du jeu. Moi je mets mes billes sur Soprano.

CxC : Le featuring avec Alivor (dernière signature en date du label Din Records) ?

Tiers Monde : Ouais, Alivor c’est quelqu’un qui vient du quartier juste à coté du mien, qui s’appelle la Mare Rouge qui est aussi un vivier de talents. Il a gravité pendant quelques temps autour de nous et il a finalement intégré l’équipe car il a la même vision des choses et les mêmes idéaux. C’est donc naturel qu’il arrive sur mon album, qui est une sorte de présentation pour lui.

CxC : Pas de featuring avec un artiste du Havre qu’on entend de plus en plus : DEF ?

Tiers Monde : Ouais je le connais, j’ai même fait une apparition sur son album. Après sur mon album je ne peux pas intégrer tout le monde. Je n’ai pas réussi à intégrer Médine, j’ai intégré Brav au dernier moment sur Peur de Décevoir. Pour ce premier album, je tenais vraiment à ne pas avoir trop de featuring pour que les gens voient ma vraie identité et mon univers.

CxC : Il y a toujours ce côté « égoïste » quand un rappeur sort son premier album. Il ne veut pas trop de featurings (voir aucun) car c’est son bébé, et surtout, c’est une carte de présentation.

Tiers Monde : Voilà exactement. Et j’ai aussi besoin d’apprendre certaines choses tout seul. Par exemple, Médine qui a une carrière plus étoffée que la mienne est quelqu’un qui aurait apporté énormément d’expérience que je préfère acquérir par moi-même. Donc ça a été naturel de faire des morceaux tout seul. Je voulais me former tout seul. Maintenant, je commence à collaborer avec d’autres artistes, comme Disiz et Youssoupha sur la track « 5 Minutes A Slave ».

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5 Minutes A Slave, disponible ici.

CxC : Justement, c’était un des points que je voulais aborder. Je trouve que Din Records a passé un cap : clips vidéos, freestyles filmés, beaucoup d’actus sur Booska-P, ce featuring avec Disiz et Youssoupha… Moi j’ai senti que Din Record avait passé « une step »….

Tiers Monde : C’est plus notre détermination que tu ressens car en fait, pas grand-chose n’a changé depuis l’époque de Black To The Future. Sauf qu’on a pas mal appris et les médias qu’on a à notre disposition ne sont plus contrôlés. On n’a plus besoin de passer obligatoirement sur certaines radios pour faire de la promo et avoir un minimum de visibilité médiatique. Le public est beaucoup plus tourné vers Youtube ou des sites comme Booska-P. Et nous, on est aussi maîtres de ce qu’on publie. Donc on le fait quand on le veut. C’est normal que tu ressentes une montée en puissance : on commence doucement pour être omniprésent à la fin.

CxC : D’ailleurs comment s’est faite la connexion avec Disiz et Youssoupha ?

Tiers Monde : Youssoupha, on se côtoie depuis pas mal de temps, la connexion s’est faite grâce à Médine qui a déjà collaboré avec lui.

Disiz avait déjà été invité sur l’album « Rappel » de La Boussole (sur une track avec Médine). Après on s’est un peu perdu de vue. Et quand j’ai commencé la promo de TONT avec le clip Phoenix, il m’a invité à son Planète Rap sur Skyrock pour kicker sur l’instru de son morceau Rap Genius. Dans la foulée, je l’ai invité à poser sur le morceau « 5 Minutes A Slave » et il est venu honorer le morceau. Maintenant, on est régulièrement en contact et on échange pas mal.

CxC : Des projets pour 2014 ? Une tournée ?

Tiers Monde : Moi j’aimerai bien arrivé fin 2014 avec un nouveau projet. Donc on est déjà en train de modeler et de travailler sur le prochain album. Une tournée en septembre avec quelques dates (on va bientôt communiquer dessus). Là on est vraiment dans une bonne dynamique et il faut la conserver.

CxC : Question plus légère pour terminer : quelles sont tes influences ? Dans ta voiture, tu mets quoi comme son ? Du rap français, du rap us ? Autre chose que du rap ?

Tiers Monde : Beaucoup de rap US (JayZ, Eminem, Kendrick Lamar), un peu d’électro… Je suis un grand fan de Coldplay et de Daft Punk. Et quelques rappeurs français ! Mais c’est vrai que Kendrick m’a beaucoup influencé cette année en termes de flow, d’innovations musicales… Il a cassé le coté trap qu’il y avait dans le rap US à ce moment là, et c’était en plein pendant mon processus de création.

CxC : Des rappeurs français aussi donc ?

Tiers Monde : Alors là, je vais te faire une réponse très corporate. En fait, je n’aime pas plus que ça de parler des autres rappeurs français car eux-mêmes ne nous promotionnent pas. A part évidemment les quelques noms que j’ai évoqué tout à l’heure (Disiz, Youssoupha). Sinon moi je conseille à tout le monde de se méfier du retour de Médine qui arrive avec son nouveau projet cette année ! Et bien sûr, le nouveau de projet de Brav qui arrive aussi en 2014.

CxC : Dernière question : la paire de Jordan que tu brûles dans le freestyle Booska-P, c’est la tienne ?

Tiers Monde : Ouais !

CxC : Cela t’a brisé le cœur ?

Tiers Monde : Non, justement ça fait partie du concept esclave ou maître et du fait de se détacher de tout le matériel qui n’est pas indispensable. L’ironie dans le truc c’est que j’ai une autre paire aux pieds. Cela prouve que même en pensant se détacher, on reste encore esclave de ce truc là.

Le freestyle pour Booska-P « Booska Free Can ».

CxC : Merci Tiers Monde pour tes réponses et ta disponibilité : MOLO BOLO ! Et bonne continuation, nous te souhaitons le meilleur pour 2014 !

Tiers Monde : Merci à vous les gars !

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