Rencontre avec le rappeur Odjee du crew Notre Dame

Chez Couvre x Chefs, nous avons découvert Odjee grâce au site Haute Culture qui, dans le cadre d’un concours, récompensait l’artiste dont l’EP avait été le plus téléchargé, en lui offrant la possibilité d’aller enregistrer un projet à Los Angeles (concours remporté par Odjee himself !). Dans un premier temps, c’est le visuel percutant de la cover de l’EP Crunch Time qui nous avait marqué. Dans un second temps, et après avoir vu plusieurs de nos amis recommander sur Facebook d’écouter l’EP « Crunch Time », nous nous sommes intéressés de plus près à l’artiste. Nous avons tout de suite accroché à son univers : flow, lyrics, identité visuelle… L’ensemble était très soigné, très professionnel. La connexion avec Odjee s’est faite très facilement (bigup à Jordane qui nous a contacté le premier), et j’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec lui pendant près d’une heure, dans un café parisien. Son homie Kam0 était lui aussi de la partie. On a parlé aussi bien de son rap, de sa structure « Notre Dame », que d’études supérieures et de voyages… Bonne lecture !

cxc odjeeAu calme, en terrasse avec les homies de Notre Dame : Odjee (au milieu) et Kam0 (à droite).
Je remercie aussi mon big homie Philou qui tient ce blog avec moi, et qui a retranscris les 45 minutes d’interview à l’écrit ! Il a réalisé un énorme travail !

Couvre x Chefs : Odjee, première question classique : est-ce que tu peux te présenter, d’où tu viens ? Ton cursus universitaire ? Quand as-tu commencé à rapper ?

Odjee : Odjee, 23 ans, rappeur originaire de Rouen (Seine Maritime) et d’Epinay sur Seine (93). J’écris depuis que j’ai 10-11 ans. J’ai toujours aimé écrire des poèmes, des dissertations… J’ai toujours kiffé tout ce qui se rattache à l’orthographe, à la langue française… Je lis beaucoup de nouvelles etc… J’ai toujours aimé ça donc c’est ce qui m’a poussé vers le rap français. En fait, j’aime tout ce qui est Lettres, pourtant j’ai pas fait un bac L tu vois ! J’ai commencé à rapper à 16 ans, quand j’ai rencontré un de mes meilleurs potes au lycée Jeanne d’Arc à Rouen qui faisait des beats, des prods. Il s’appelle Amsta2f, même si maintenant il n’est plus du tout dans le rap. C’est comme ça que j’ai posé mon premier texte : il m’a approché dans la cour du lycée, on était habillés tout large à l’époque, gros baggy et tout ! Et il m’a dit « Je fais des prods, tiens écoute » ; je lui ai dis « C’est marrant moi je fais du rap ! ». Et voilà, c’est comme ça que je me suis lancé, vers 2006.

CxC : Tu te souviens de ton premier texte ? La première fois que tu t’es mis devant une feuille de papier et que tu as écris !

Odjee : Ouais ! Mes premiers textes je les ai encore, ils sont dans mon livre d’allemand du collège ! Mais sinon, le premier texte que j’ai écris pour poser devant un micro, je m’en souviens un tout petit peu, ça faisait un truc du genre : « Tout commence par notre entrée très remarquée, tu ne le sais pas encore mais ce beat va te marquer, écoute Odjeeco-co-commencer à poser ». C’était très leg… Mais on trouvait ça chaud ! Au début je testais ma voix…

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Odjee en studio (Crédits photo : Loïc Dirat).

CxC : Ouais c’est toujours dur ! La première fois où tu t’entends, t’as l’impression que ça choque personne sauf toi !

Odjee : C’est ça. Donc voilà j’ai commencé comme ça. De 2006 à 2010 on posait comme ça, j’allais chez mon pote, il avait un studio artisanal : il avait pris une gouttière avec un cintre sur lequel on avait mis un collant qui servait de filtre antipop. On avait un petit micro cheap, du coup on se concentrait sur le mix. Comme il était beatmaker et qu’il avait 10 ans de batterie derrière lui, il avait l’oreille ! Ensuite ses parents lui ont offert un micro de qualité, avec un pied et un filtre antipop. Cela commençait à devenir sérieux, on posait de façon plus régulière. En parallèle comme moi je continuais les cours, j’ai fait une petite pause. J’ai continué à écrire mais je n’enregistrais plus trop. Je me suis remis dedans il y a 3 ans : j’ai commencé à repartir en studio, enregistrer et mettre ça sur Soundcloud. J’ai eu quelques bons retours, donc j’ai continué. Le premier morceau que j’ai mis en ligne c’était sur une prod de Jo A, beatmaker de The ET’s, le truc s’appelait « Knock Out ». J’avais pris la prod, j’avais kické, je lui avais envoyé et il avait validé du coup je l’avais postée sur Soundcloud.

CxC : Du coup après le bac t’as fait des études de commerce ?

Odjee : Ouais après le bac j’ai fait un BTS en commerce international à Rouen, que j’ai eu. Un an à la fac en éco, et après j’ai intégré l’école de commerce où je suis là : l’ESC Rennes.

CxC : En parallèle de tes études, tu trouvais toujours le temps pour rapper, écrire des textes : tu n’as jamais eu de coupure entre le lycée et les études supérieures ?

Odjee : J’avais moins de temps c’est vrai, mais j’avais fait un choix aussi : même si j’enregistrais moins, il fallait que je continue d’écrire. Aussi je me suis dis : ce temps là va me permettre de bosser mes classiques, des albums que je ne connaissais pas etc… Vraiment bosser tu vois !

CxC : Ecrire et te faire l’oreille en écoutant les classiques ?

Odjee : Ouais voilà, connaître mes classiques. Par exemple, bien écouter Illmatic (NDLA : album de Nas), ReasonableDoubt (NDLA : premier album de Jay Z), The Chronic, Doggystyle, Tupac et Biggie bien sûr… Des vrais classiques du Wu Tang, Erik B & Rakim… Les pionniers du hip-hop !

CxC : Tu ne cites que des ricains parce que le rap français ça ne t’a pas marqué… ?

Odjee : Si franchement j’écoutais du rap français quand j’étais petit, j’écoutais Ministère A.M.E.R., un peu de Mafia k’1 Fry, Idéal J, Booba, Lunatic… J’écoutais du rap français à la radio parce que j’avais que ça quand j’étais plus jeune, et le rap cainri grâce à mes grands cousins, mes sœurs… Ils me mettaient dedans à fond, j’ai grandis là-dedans littéralement. C’est pas que j’ai choisi d’aller là-dedans, c’est comme si dès la naissance, on m’avait donné un CD de rap. Du coup c’est quelque chose qui est naturel pour moi d’écouter du rap ricain, j’ai toujours été fan de ça.

CxC : Du coup pour toi quand on s’engage dans un projet il faut toujours se donner à fond, même si tu fais une école de commerce ou que tu as un boulot à côté, sur ton temps libre faut t’y mettre à 400%, sortir une actu, un truc…

Odjee : Oui voilà, après tu vois pour moi la musique c’est une passion. C’est comme quelqu’un qui est passionné par la peinture, il trouve toujours le temps de s’y consacrer, tu vois ce que je veux dire ? T’as toujours du temps pour ça, et tu t’y investis tout le temps. Moi je ne les compte pas mes heures. Un mec qui est mécano, quand il est passionné et qu’on lui ramène une vieille Ford Mustang de 69, il ne va pas compter les heures qu’il va passer dessus, c’est un plaisir qu’il prend. Moi pareil, quand je joue au basket ou que je fais de la musique, c’est du plaisir avant tout. Du coup ouais, je m’investis toujours à fond.

CxC : On va revenir à tes débuts : au départ, c’est un pote au lycée qui te donnait des prods, après comment ça s’est passé ? Il t’en filait toujours même quand vous vous êtiez séparés de part les études ou tu as fait d’autres rencontres ? Je suppose qu’en école de commerce, les beatmakers ça ne court pas les amphis ! Comment tu t’es entouré de gens pour former ton collectif Notre Dame ? À partir de quel moment tu t’es dit « mon blase c’est Odjee, je vais démarcher, chercher des prods… » jusqu’à la tape Crunch Time ?

Odjee : À la base, je n’avais pas de blaze, je galérais, je me disais « je vais prendre les lettres de mon prénom, faire un truc ! ». Bon et puis je jouais à GTA San Andreas et à moment il y un mec qui sort de prison qui s’appelle Jeffrey. C’est toi qui dois aller le chercher et on te dit « il s’appelle OG Lock » haha !

CxC : Exactement !

Odjee : Tu t’en souviens de lui ?

CxC : OG Lock bien sûr ! Donc ça vient de là ?

Odjee : Oui voilà ! J’étais au collège encore… Collège-lycée, super tôt en fait, je devais avoir 14-15 piges. J’avais tellement kiffé son blaze que j’ai décidé que j’allais m’appeler « OG Lock », bien avant même que je commence à poser. Le temps est passé, je lisais R.A.P. Magazine, tu sais c’est le magazine super galère à lire mais tellement chaud ! J’avais lu une interview de Rohff quand il était parti faire un clip à L.A., et il disait : « Ouais, à LA j’ai rencontré les OG’s, les Original Gangstars ». Et là j’ai fait : « Woh !  je ne veux pas être associé à ça, je ne prétends pas être un mec de la street ou quoi que ce soit… », donc vu que « OG » ça voulait dire « Original Gangstas », il fallait que je modifie l’orthographe. Dans la même période, j’ai commencé à m’intéresser aux Jordan’s et les premières Jordan’s c’est les « Jordan’s OG », ça voulait dire « Original ». Là je me suis dit « ok c’est bon, je l’ai, je vais juste changer la manière dont je l’écris mais c’est ça, je veux ramener quelque chose d’original dans le pe-ra », c’est pour ça que j’ai gardé ce blaze.

CxC : Et ton environnement / collectif « Notre Dame », quand est-ce que ça a commencé ? C’est quoi ?

Odjee : Le collectif c’est « Notre Dame, » et dans mes tracks, j’ai l’habitude de dire « NDOE » pour « Notre Dame Over Eveything ». C’est le collectif que j’ai monté : Yannick en fait partie, Spazz aussi (beatmaker de Toulouse), Domingo (beatmaker de Lille) et notre poto Jordane qui nous gère un peu tous et qui s’occupe de faire le Community Manager etc…

CxC : C’est un vrai collectif avec une structure ou c’est juste un blaze avec un logo ?

Odjee : Pour l’instant c’est un blaze : on va déposer les noms dans un futur proche. On va commencer à monter un truc sérieux. On a été 6 avec Ab_musiq, mais qui est décédé il y a quelques mois. Je l’ai monté tout seul à la base, je suis le seul rappeur du crew. J’ai commencé à dire « Notre-Dame » sur mes morceaux, puis j’ai été contacté par Yannick sur Soundcloud quand j’ai posté un morceau qui s’appelle « MMM »… Maison Martin Margiela…

CxC : Bien avant la track de Future quoi !

Odjee : Ouais bien avant, il y a deux ans au moins ! J’ai posé sur une instru de J.Cole qui s’appelle Bun B for President : à la fin le morceau il le laissait couler donc j’ai posé là-dessus… J’ai été contacté par Kam0 et par Spazz qui ont voulu m’envoyer des prods. J’ai posé et je leur ai renvoyées et ils ont adhéré. Je leur ai dit « Écoutez, je suis en train de monter un truc, est-ce que vous voulez en être ? ». J’étais avec Domingo aussi, sur un des tous premiers morceaux qui s’appelle Golden Eye qu’il m’a produit et que j’avais même clippé… Voilà c’est comme ça que ça s’est lancé !

CxC : Notre Dame, ça a été crée en quelle année ?

Odjee : Entre 2010 et 2011.

CxC : Tu t’es dit « Tout ces gens là je vais les mettre dans un collectif» ?

Odjee : Oui ! Enfin je leur ai demandé quand même ! Ils ont tous accepté : Yannick a accepté, Maxime a accepté, Elias aussi, Jordane c’est lui même qui a dit « Je veux bosser avec toi »…

CxC : Donc si je comprends bien, ce premier morceau sur Soundcloud « MMM » t’a permis de te « connecter » avec le game…

Odjee : Oui voilà, quand Amstef a arrêté de me fournir en prods, j’ai commencé à gratter sur des Faces B que je kiffais. Je demandais aussi à des beatmakers, je leur envoyais des messages sur Soundcloud, sur Facebook, mais j’avais zéro retour.

CxC : J’en ai parlé avec pas mal de gens qui font de la musique et ils m’ont tous affirmé que Soundcloud, c’était vraiment une communauté où le moindre mec dans sa chambre qui fait un mix peut avoir plusieurs milliers d’écoutes rapidement sans avoir un blaze connu… Tu confirmes ça ?

Odjee : Je confirme à fond, c’est une putain de plateforme Soundcloud ! Aujourd’hui mes gars je les ai connus grâce à ça tu vois ! Il y a plein d’artistes que j’ai découvert grâce à Soundcloud. Par exemple sur Crunch Time (NDLA : dernière mixtape en date de Odjee) il y a une prod d’un ricain qui s’appelle Chris Calor qui bosse avec Isaiah Rashad etc… C’est le track « Flow », que j’ai clippé. Le producteur je l’ai découvert comme ça. Je suis allé sur son Soundcloud, j’ai pris la prod, j’ai kické, je lui ai envoyé et voilà.

Clip du morceau « Flow » issu du EP « Crunch Time ».

CxC : Peux-tu refaire ton parcours discographique ? T’as combien de projets officiel estampillés « Odjee » qui sont sortis ?

Odjee : Deux projets sont sortis avant Crunch Time. Il y a eu dans un premier temps Scuderia, qu’on a sorti en collaboration avec Spazz, beatmaker de Notre-Dame. C’est un EP de 7 titres qu’on a sorti en octobre 2013. Dans un second temps, il y a eu Dope vol.1. Je suis en solo dessus, c’est 6 tracks, faces A et faces B, produit par Kam0, Ab_musiq ; c’est sorti en février 2014. Et Crunch Time le mois dernier (NDLA : interview réalisée fin juin 2014).

SCUDERIA odjee

Artwork de Scuderia réalisé par RIPKLAW (Noircity).

DOPE VOL 1 odjee

Dope Vol.1 : crédits photo Maxime Boutonnet et cover réalisée par Assane Fall.

Crunch Time odjee

Crunch Time : crédits photo Ugly et cover réalisée Assane Fall Tous les projets d’Odjee sont disponibles sur son Bandcamp ici.

CxC : Donc entre fin 2013 et mai 2014 t’as vraiment charbonné !

Odjee : Ouais, en fait j’ai toujours charbonné ! Quand on s’est rencontrés avec Yannick je bossais sur Testarossa, qui devait être mon premier vrai projet. J’avais déjà une maquette etc… Je l’avais terminé et j’attendais juste le bon moyen, la bonne façon de l’amener. Tout était mixé etc… J’ai attendu, j’ai attendu… Et finalement, on ne l’a jamais sorti. Et après on s’est lancés sur Scuderia avec Spazz et voilà. J’ai toujours voulu sortir quelque chose, mais c’est juste que je n’avais pas la manière. Ça prend du temps ! Entre le concept, l’idée, le titre du projet, les différents titres des tracks, le faire mixer, sortir les sous pour le faire mixer etc… Tout ça prend du temps, donc ça a toujours tardé. Après moi j’ai de la chance aussi : à Rouen j’ai mes grands, les mecs du 122 Cobayes qui est un collectif. Ils m’ont pris un peu sous leur aile quand j’ai voulu faire ce premier projet et ils m’ont vraiment aidé à bosser les morceaux pour de vrai. Ils ont amené une vraie structure musicale à mon projet, et ils ont mis un studio à ma disposition… Ils ont toujours été dispos pour m’aider à enregistrer, m’aider à mixer les morceaux, ajouter telle ou telle idée, me passer des prods etc… C’est grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui.

La track Roy MMXIII (Rookie Of The Year) produite par Spazz et issue de l’EP « Scuderia ».

La track « Hautes Sphères » (produite par Ab_musiq) issue du EP « Dope VOl.1 ».

CxC : Pour toi, dès que tu entreprends quelque chose il faut savoir s’entourer, avoir des contacts, des gens pour être « drivé » ?

Odjee : Carrément. Nous on fait toujours tout entre nous. C’est des produits maison tu vois. C’est même pas une question « On ne veut pas se mélanger ou quoi », parce qu’à notre échelle ce n’est pas une question de ça : c’est juste qu’on estime qu’on a la matière et le talent pour tout produire nous-mêmes. Et les contacts on les a. Genre sur Scuderia, j’ai invité Titan du collectif Les Monsieur de Joke, et Caliente, un mec de Cobaye. Titan je le connais en dehors de l’aspect musical, donc ces contacts là après on peut les faire jouer. Sur Dope vol.1 à l’intro c’est Rezo, un beatmaker de Rennes bien connu qui a une grande notoriété, c’est un grand quoi ! C’est juste qu’il faut savoir, comme tu dis, bien s’entourer.

CxC : Aujourd’hui la musique elle se regarde avant de s’écouter : toi tu soignes l’image, le concept, du genre « on va faire une belle cover, une belle promotion », donc ça va passer par l’organisation d’un shooting etc…

Odjee : Oui, moi je suis très pointilleux.

CxC : Tu vérifies tout ? Tu valides tout ?

Odjee : Ouais je fais chier mes gars par rapport à ça ! Quand t’es passionné de musique et de rap par exemple et que tu regardes ce que font les autres artistes, même quelque chose qui te paraît anodin, ça a été calculé. Même un vieux truc, un shooting devant un rideau de fer tu te dis « il a fait ça à l’arrache dans la street », mais non, c’était calculé. Les mecs ont dit « de 14h à 16h on va te shooter là etc… ». Et après ils font en sorte de te balancer une image qui paraît naturelle et prise sur le coup pendant une promenade. Je suis très pointilleux : des artworks à comment ma voix va sonner, à comment je veux que la prod tappe etc… Je fais super gaffe à tout ! Après j’ai aussi de la chance car tous mes gars sont pareils que moi. Kam0 quand il va faire une prod, il va bien se prendre la tête dessus de manière à ce que ça sonne comme il veut. Après quand il me l’envoie on ajuste un petit peu etc… Il va rajouter ceci, cela… Il faut être méticuleux, il faut bosser les détails.

CxC : Depuis le concours Haute Culture, tu sens que ça bouge pour toi ? Des gens te contactent alors qu’ils ne te connaissaient pas il y a quelques mois ? Un peu comme nous ! C’est les gars de Noircity qui ont commencé à poster ça, Philou m’a dit « C’est lourd » et puis deux jours après Jordane m’a contacté… Concours de circonstances !

Odjee : Franchement, le concours il s’est terminé il y a 10 jours (NDLA : interview réalisée fin juin 2014). Là sur le coup, ça bouge un peu, par le biais de cette interview notamment. Après, dans les chiffres ouais tu gagnes un peu plus de followers sur Twitter, j’ai plus de gens qui suivent ma page, beaucoup plus de retours par rapport au projet Crunch Time. Les blogs ont fait un taf monstre, Couvre x Chefs notamment ! Il y a une différence par rapport à avant quand je sortais Dope vol. 1 et Scuderia qui n’ont été relayés nulle part, et maintenant avec Crunch Time.

CxC : Du coup les gens s’intéressent à tes anciens projets ? Les gens qui ne te connaissaient pas reprennent toute ta discographie ?

Odjee : C’est ça.

CxC : T’as sorti des projets uniquement sur internet, tu envisages un support physique ? Vinyle ou autre ?

Odjee : Pour l’instant non, pas de projet physique à l’heure actuelle. On reste sur du numérique. C’est ce qui nous parle, on vit là-dedans. C’est facile, ça va vite, et c’est ce qu’on peut mettre en application le plus rapidement. Moi je suis un ancien geek de jeux vidéos et ça s’est reconverti un peu dans l’informatique. Je ne parle pas de codage etc… Je parle de fouiner, de savoir que telle ou telle plateforme est stylée… Je suis un mec de Soundcloud, y’a pas beaucoup de rappeurs français qui sont sur dessus…

CxC : Ouais c’est vrai, il y a Pink Tee (rappeur de Lille) d’ailleurs !

Odjee : Ouais c’est mon gars ! Shot out à Pink Tee ! Je suis un mec de Soundcloud, de Bandcamp… Ce sont des médias qui me parlent. Le physique après il faut un budget, une structure derrière, c’est compliqué donc non, pas pour l’instant.

CxC : A présent, ton projet c’est de partir à Los Angeles ? Tu vas préparer un album ? Comment tu vois le futur d’Odjee ? Tu vas t’y mettre à plein temps après ton école ?

Odjee : Bien sûr. Là je suis en école parce que j’ai des ambitions académiques, notamment d’avoir mon Master. Mais à termes, je veux en faire mon job. Le départ à L.A. il est prévu en août. On va clipper quelques morceaux encore de Crunch Time dans les semaines à venir, avant de partir justement. Là-bas on va bosser Dope vol.2. Est-ce que ça sera un EP, un album… En fait, dans mon état d’esprit, tout ce que je sors ça doit être de la qualité d’un album tu vois.

CxC : Justement c’est une question que j’avais posée à Tiers Monde : une mixtape, est-ce-que tu approches ça comme un album ? Étant donné que lui il avait sorti Black To The Future et après Toby Or Not Toby, est-ce que t’as la même façon d’aborder le projet ? Tu es toujours sur des EPs 5,6 titres, tu te sens pas encore prêt pour l’album ? Tu préfères encore tester le terrain avec des EP’s ?

Odjee : L’album j’y songe déjà ! Mais la route est encore très très très très longue. Je ne vais pas me précipiter. Crunch Time on l’a fait parce qu’on était pressés, d’où le titre ! Crunch Time c’est un terme général pour nommer une période très courte dans laquelle tu dois bosser, fournir une quantité de travail monstrueuse. Genre si t’as un projet que tu devais faire en 3 mois, que t’as dormi pendant tout ce temps, et que ta deadline c’est le 16 mars et que t’es le 28 février… Et bien tu sais qu’il te fallait 3 mois pour boucler vraiment ce projet, donc dans les deux semaines qui te restent tu vas devoir fournir le taf de 3 mois. C’est ça en fait le Crunch Time, c’est une période où tout le monde doit bosser, fournir un taf monstre, élever son niveau du jeu pour reprendre des termes sportifs. Pour le EP c’était littéralement ça. Il y a 7 titres, j’en avais 2 d’enregistrés et mixés sur 7. Un troisième sur lequel j’avais déjà posé. J’avais tout à faire : pas de cover, pas de mix… J’avais les textes parce que j’avais écrit quand j’étais en Inde et il me restait tout à poser, à faire mixer, faire la cover, bosser un petit plan de promo, shooter des visuels etc… Dans un laps de temps très très court. C’est pour ça qu’on a pris ce titre en fait. Ce concours c’était une grosse opportunité.

CxC : T’as fait Crunch Time pour ce concours ?

Odjee : Voilà, exactement. C’est pour ce concours que j’ai fait ce projet. J’étais dans l’optique de rentrer et de poursuivre sur Dope vol.2.

CxC : Tu dis que t’avais déjà des textes, comment tu travailles avec les beatmakers ? Tu écris d’abord et ils te font une instru sur-mesure ? Parfois c’est l’inverse ou il n’y a pas de process’ bien établi ?

Odjee : Par exemple avec Kam0, en général il fait une prod, ou un bout de prod, ça veut dire qu’il y aura une première structure : un 16 et un refrain. Ensuite il m’en envoie d’autres et me demande ce que j’en pense. J’accroche sur une ou deux prod et ensuite on se met à bosser ensemble « rajoute moi un son par ci, 8 mesures par là, un bridge… ». Moi je marche comme ça. Après pour l’écriture, je préfère écrire sur une prod directement, comme ça je peux bien me placer etc… Et plus je l’écoute mieux c’est. J’écris beaucoup sur des faces B aussi.

CxC : Les faces B c’est un entrainement pour toi ?

Odjee : Oui voilà. Ça te permet de faire « ce que tu veux ». Tu peux bosser un flow, une construction de rimes…

CxC : Justement à propos de cette notion de flow, le tiens est assez non-chalant comme si t’en avais rien à faire de la prod. Comment tu écris ? Tu essayes de rapper dans les temps ? D’être décalé ?

Odjee : Non, je n’ai plus de règles ! Avant j’en avais…

CxC : Il y a beaucoup de rappeurs français qui veulent rapper dans les temps, du coup ça donne un rap stéréotypé, il faut que tu aies 32 mesures etc…

Odjee : Exemple tout con : je ne compte plus mes mesures. C’est dur pour moi d’écrire un 16 mesures. Je sais que ça va faire 16 parce que vu que j’écris sur la prod, quand le refrain arrive je sais que ça fait 16. Mais sinon je n’ai plus du tout de règles. J’aime bien ne pas me brider au niveau de l’écriture, quand je sens que c’est bon, je me dis « stop ». Mais quand je gratte je peux pas me permettre de ne pas être dans les temps etc… Savoir rapper c’est être dans les temps, c’est la base et point barre. Quand tu écoutes une prod, si tu t’estimes rappeur tu peux pas dire « je vais être décalé », à part si c’est super bien fait. Direct, l’auditeur va se dire que tu fais de la merde, donc t’es pas crédible.

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Crédits photo : Ugly.

CxC : Tu vois moi quand j’ai écouté Crunch Time je me suis dit : « J’ai l’impression qu’Odjee il fait ce qu’il veut », on a l’impression que tu ne calcules pas la prod, ce qui est paradoxal parce qu’en fait tu la domptes et tu la maîtrises entièrement. D’un côté on se dit que tu t’en fiches, et de l’autre on se dit que c’est hyper cohérent, très calé et précis… Un peu comme tu disais tout à l’heure à propos du shoot photo : tout est calculé. Odjee a pris la prod, a posé dessus, t’as l’impression que c’est un petit mic mac fait à l’arrache mais non c’est ultra précis, ultra calé, et c’est justement ça le résultat que tu vas avoir : les gens vont être perturbés par autant de facilité.

Odjee : Pour moi c’est naturel, c’est le rap que je connais.

CxC : Moi ça me fait penser à un Joke. La comparaison te gène ? Les gens te le disent beaucoup ?

Odjee : Oui les gens ont commencé à me le dire. Est-ce que ça me fait chier ? Honnêtement je ne sais pas… En fait, non. Ça veut dire que lui et moi, ce qu’on fait c’est totalement différent du paysage français. C’est peut être pour ça qu’on nous compare un peu

CxC : Pour moi en France, le rap français tourne en rond et se mord la queue. Mais le rap français pour moi aujourd’hui c’est un Odjee, un Pink Tee, un Wilow Amsgood (accompagné de son crew The Coolege). Bon, il y a eu évidemment L’Entourage, qui a fait un bien fou, on le souligne pas assez ! Aujourd’hui ils sont au-dessus aussi. Ils ont foutu un gros coup de pied dans la fourmilière… Et maintenant, qu’est-ce qu’il y a après L’Entourage ? Y-a-t-il des gens qui vont entretenir un rap différent ? Il y a eu Kaaris…

Odjee :… C’est du rap de rue…

CxC : C’est du rap de rue ouais, moi j’ai hâte d’entendre le second album et voir s’il va faire la même chose que sur le premier. Et les Joke, Wilow Amsgood, Pink Tee, Odjee… Pour moi c’est la relève. Pour toi, c’est ton but, sans prétention, d’apporter quelque chose de nouveau dans le rap français ?

Odjee : Oui. Clairement.

CxC : Tu veux apporter un nouvel état d’esprit, sans faire de rap de rue, tu t’entoures de tes potes… J’ai l’impression que c’est ça : des potes qui se regroupent, L’Entourage, Wilow Amsgood avec The Coolege, Pink Tee avec ses gars du Nord…

Odjee : Pink Tee avec With Us, ouais.

CxC : Là c’est Odjee avec Notre Dame. Et toutes ces petites sphères elles vont se mettre ensemble et ça va donner la nouvelle scène rap française…

Odjee : Je sais pas mais en tous cas c’est le souhait que j’ai : qu’on constitue la nouvelle scène de rap en France. Après comme Joke le disait récemment : « Il y a de la place pour tout le monde ». Ce n’est que mon opinion, mais le rap en France il a trop été axé sur du rap de rue, alors que moi j’estime que je fais du rap, point barre. Je n’ai pas d’étiquette, et j’estime qu’il ne faut pas en avoir, au contraire ! Comme les cainris. Les cainris ils ne vont jamais te dire « Je fais du rap conscient », TalibKweli il ne va jamais te dire « Je fais du rap conscient » alors que quand t’écoutes ses textes tu te dis « Putain y’a trop de knowledge ! ». Mais le mec va te dire « Je rappe ». C’est pour ça que les gens ils vont pouvoir comparer un TalibKweli à un Young Scooter ou à Drake etc… A tous se mettre dans la même conversation, parce qu’ils font du rap tout simplement, et c’est ce qu’on doit faire en France. On doit faire du rap. Après, nous, sans prétention, je sais qu’on apporte quelque chose de totalement différent. Je fais du rap et les gens me disent que ça diffère mais j’estime que je fais du rap tu vois. Le reste je m’en tappe un peu, en vrai. À termes, j’espère que tous ces mecs que t’as cité vont percer etc… Et moi je suis ma ligne de conduite tu vois. Je kiffe, je fais ce que j’aime. Si telle prod je l’aime je vais kicker dessus sans calculer.

CxC : Donc le feeling a toujours une part importante ? C’est aussi paradoxal, car à côté de ça, tu disais qu’il faut toujours tout contrôler de A à Z…

Odjee : Mais faut laisser parler le feeling !

CxC : Tout est une question d’opportunités, de feeling… S’il n’y a pas d’invités sur Crunch Time c’est que tu n’as pas eu les opportunités ou le temps ? Tu aurais fais ça avec qui ?

Odjee : C’est vrai que je n’ai pas eu le temps. Mes gars des Bon Gamin, Loveni et Nichon, le boy Krisy B… Si je les cite c’est parce qu’il y a des trucs qui se préparent avec eux. Mon gars Pink Tee aussi. J’ai pas eu le temps… Maintenant pour faire un featuring, les artistes calculent trop. Il faut que t’aies un certain buzz, et si t’as assez de buzz, le gars va bosser avec toi… Moi mec je te jure que je bosse… Si je trouve que t’es chaud je vais aller te voir et je vais te dire « Vas-y viens on kicke ! ». Et si tu me dis non, je me dis « Ben tant pis », je continue ma route, et voilà ça s’arrête là. Je fais mes trucs dans mon coin et après peut être que les gens vont me prendre pour un soliste… Mais jusqu’ici ça a payé tu vois. On fait notre truc, la musique qu’on veut faire, il y a un coté de « je calcule pas » comme tu disais tout à l’heure…

CxC : Pour ma part, le fait d’avoir fait une école de commerce ça m’a permis de rencontrer des gens qui n’avaient rien à voir avec ce que je kiffais (hip-hop, street-culture…); est-ce que pour toi c’est important de t’ouvrir à des gens d’horizons différents qui vont te donner un avis sur ta musique ?

Odjee : C’est super important. Je le quémande ! Voyager, faire écouter ma musique à des gens qui sont vraiment à l’ouest niveau rap… C’est à dire qu’ils n’écoutent pas de rap, non pas parce qu’ils n’ont pas envie mais parce que ça ne leur parle pas… Moi j’adore ces gens ! Ce sont ces avis là qui m’emportent. Bien sur j’ai des avis de mes gars en premier lieu et ensuite de gens du milieu qui s’y connaissent, qui vont être super importants. Mais les avis des gens qui ne connaissent rien au rap, tu leur fais juste écouter de la musique…

CxC : Ils te donnent une réponse remplie de naïveté…

Odjee : … Exactement ! Même en Inde, les gens à qui je faisais écouter ma musique ils me disaient : « Ouais ! C’est chaud ! »; je me disais « Je rappe en français, ils ne comprennent rien mais ils aiment »… C’est chaud !

CxC : T’es allé faire quoi en Inde ?

Odjee : J’ai fait un semestre de mon cursus universitaire. J’ai fait trois mois là-bas. En tongs parce qu’il faisait hyper chaud, je n’avais pas de baskets ! Franchement c’était de la patate.

CxC : Moi j’ai fait un an en Espagne. Les espagnols ils sont heureux avec une bière et un tapas. Et après un an, je me suis dis « On se fait chier en France à être matérialistes… ». Quand je suis rentré en France, il y avait un décalage tu vois. Ça a duré 6 mois après je suis allé m’acheter une paire de sneakers. Mais à l’étranger, à un moment tu laisses de côté toute ta vie que t’as en France, ton côté matérialiste (achats compulsifs de teeshirts, de casquettes…)… Moi j’ai vécu ça alors que je n’étais qu’en Espagne, qui est un pays frontalier à la France… Donc j’imagine qu’en Inde t’as eu la même réflexion mais puissance 10 !

Odjee : C’est exactement ça.

CxC : Ce genre de voyage, c’est un bol d’air frais ? C’est de l’inspi ?

Odjee : C’est beaucoup d’inspi, c’est enrichissant. Tu remets beaucoup en question la vie que tu peux avoir, ton style de vie d’ici… Tu le remets en question grave ! Après moi, il faut savoir que mes parents sont d’origine ivoirienne et portugaise, ghanéenne… de plein d’horizons différents. Je suis né en France, j’ai vécu en Côte d’Ivoire pendant 5 ans, j’ai pas mal bougé depuis, je voyage pas mal ! Donc pour moi c’est primordial d’avoir cette ouverture d’esprit et ce recul. Il faut aller voir le monde, il faut le faire ! Quand je reste trop longtemps en France je m’ennuie.

CxC : C’est pour ça que tu repars à Atlanta ?

Odjee : Voilà. Mais c’est aussi et surtout pour des raisons personnelles : mon père vit aux USA depuis plus de 20 ans et j’ai des potes également… Mais même si c’était pas à Atlanta, voyager c’est essentiel, il faut bouger ! Si j’ai un conseil à donner aux gens, c’est qu’il faut voyager. Plutôt que d’aller soulever la dernière paire de Nike à 170€ qui vient de sortir, mets un billet dans un petit voyage à Prague ou à Varsovie tu vois… Même si c’est 4-5 jours, va voir ce qu’il se passe ailleurs et reviens.

CxC : Encore un parallèle avec les études. Est-ce que le fait d’avoir un bagage académique, ça t’aide au jour le jour au-delà de l’aspect artistique. Tu te dis « Je vais faire attention à l’image, à la musique, on va procéder étape par étape; on va faire déposer les noms… ». Tu me parlais de déposer les noms, très peu de gens avec leur structure pensent à faire ça. Déposer un nom c’est très complexe… Est-ce que ton bagage académique t’aide dans cette voie ?

Odjee : Indéniablement, le bagage que j’acquiers en école de commerce me permet d’apprendre énormément et de le retranscrire dans la structure qu’on veut monter. À terme, on veut être une vraie structure mais quand tu commences tu sais pas ce que c’est… Moi je suis le premier à m’être dit « C’est bon je vais faire mon label, on va faire un logo et je vais l’appeler label… ». Alors que non ! Il y a un aspect juridique à prendre en compte, de la comptabilité à mettre en place… A partir du moment où t’injectes de l’argent, il y a une comptabilité à tenir… Et les gens n’ont aucune idée de toute la paperasse que ça représente, au moins en France ! Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs mais ici c’est très compliqué. Et tout ce que j’apprends en cours ça me sert. On apprend à gérer un business, de A à Z, et au final c’est ce que je fais. Clairement, le bagage académique c’est quelque chose que je ne donnerais pour rien au monde. Je le chéris et je suis bien content de faire tout ce que je fais à côté. Après, peut-être que ça me prend plus de temps pour arriver à ce qu’on veut faire, mais c’est quelque chose qui nous est utile, clairement. Jordane et moi, on est dans la même école, on s’est rencontrés là-bas, c’est lui qui m’a proposé de prendre ça au sérieux…

CxC : Ça tourne un peu Notre Dame dans ton école, sur Rennes ?

Odjee : Dans l’ESC ouais. Après sur Rennes pas trop… J’ai fait quelques scènes mais pas tellement… Le problème c’est que je bouge pas mal, je ne peux pas être ancré à un spot, rester là-bas assez longtemps pour qu’on me programme. Je sais que sur Rouen, pas beaucoup de gens savent que je pe-ra. Ils étaient choqués de voir que le mec qui est sur la couverture de Crunch Time était originaire de leur ville ! Pas mal de gens me disaient « Tu viens de Rouen ? chelou on ne t’a jamais vu ! ». Déjà, comme je l’ai déjà dit, j’ai pas mal bougé, et ensuite quand j’étais là-bas, j’étais en studio ou avec mes gars.

CxC : Question plus légère pour terminer, on est fans de couvre-chefs, on collectionne casquettes, bonnets etc… Tu es dans le même cas ?

Odjee : Oui, depuis que je suis tout petit je collectionne les casquettes. Bonnets un peu moins.

CxC : T’as une pièce favorite ?

Odjee : En ce moment j’ai mon bob Pigalle que j’arbore là. Sinon mes casquettes Ralph Lauren en velour côtelé. En matière de couvre-chef il faut savoir chopper la bonne pièce. Moi je déteste voir ma casquette sur quelqu’un d’autre.

CxC : A un moment j’ai traversé la période où il fallait que j’ai une couleur de casquette qui matche avec chacun de mes tee-shirts…

Odjee : Bien sûr ! Les white tees, et tout !

CxC : Ce qui fait que j’ai une collection de casquettes New Era de toutes les couleurs, de toutes les équipes…

Odjee : Oui ! Des Baltimore Orioles aux Oakland Diamond Backs ! Du coup t’es obligé de connaître toutes les équipes de MLB … J’ai moi aussi une belle collection de casquettes, je kiffe les collectionner !

CxC : Pour avoir le logo que personne n’a ! Et c’était encore l’époque où la New Era commençait à arriver en France. Le tee-shirt avec la même couleur que la casquette, parfois tu mettais les lacets de couleur identique aussi… Du coup aujourd’hui, moi j’achète moins « coup de cœur », mais j’achète mieux. J’achète la pièce Ralph Lauren en velours kaki… Au collège je portais aussi des bobs Quicksilver et les gens ne comprenaient pas, j’étais dans ma matrice ! Et aujourd’hui je remets des bobs !

Odjee : Oui je suis comme toi, je me dis « Je remets des bobs » !

CxC : Ouais, et c’était des bobs Quicksilver parce que il n’y avait qu’eux qui faisaient des bobs faciles à choper en France. Les Obey and co. ça n’existait pas. Tu voulais un bob, t’étais obligé d’avoir la marque de surfeur… Et là ça revient, comme la 5 pannel revient elle aussi…

Odjee : Ouais, tout revient à la mode !

CxC : Voilà, je crois qu’on a bien fait le tour, merci d’avoir répondu aux questions de Couvre x Chefs !

Odjee : Ok, merci à vous ! Je voudrais juste passer un dernier mot : gros S/O à toute mon équipe Notre Dame, Spazz, Kam0, Domingo, Jordane, à Doc P, mes gars du 122 Co, de NoirCity, de RO & Orgemont. Et merci à tous ceux qui nous donnent de la force. S/O aussi à Rezo de Rennes et Maître Yoda ! Et bien sûr gros gros S/O à Ab_musiq  qui nous a quitté ! Suivez-nous sur instagram, facebook, Soundcloud…

CxC : Il y aura un morceau hommage pour Ab_musiq ?

Odjee : Il a fait énormément de prods… Il y a de la matière, je le dédicasse dans toutes les chansons. Il y a encore de la matière estampillée « Ab_Musiq » qui va arriver !

Et n’oubliez pas :

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Crédits photo : Hphoto Graphe.