Animal Chuki est un projet qui attire mon attention depuis un moment maintenant. Duo péruvien de musique électronique (tropical bass ? cumbia digitale ? ñu cumbia ?) composé d’Andrea Campos et Daniel Valle-Riestra, Animal Chuki a su développer un son singulier, personnel et novateur en puisant dans leurs racines culturelles et en en proposant une relecture intéressante. Après deux EPs (Nativa en 2012, Capicúa en 2013) et une tournée européenne (coucou Selvamonos !) en décembre dernier, qui les a amenés (entre autres) sur la scène des Transmusicales de Rennes, le jeune duo publie tout juste leur premier disque long format : Frutero. J’ai eu la chance de poser quelques questions par courrier électronique au binôme afin d’en savoir un peu plus sur leur projet.
Couvre x Chefs : Comment décririez-vous votre musique ?
Animal Chuki : Musique tropicale, fusion expérimentale et rythmée. C’est une exploration de plusieurs choses et l’une d’elle est l’investigation de nos racines musicales. Notre musique est aussi la traduction sonore des rythmes et des sons qui imprègnent notre inconscient et que l’on extériorise grâce à ce projet.
CxC : Comment est né Animal Chuki ?
AC : Nous aimions écouter de la musique ensemble, créer de la musique ensemble, puis nous avons eu l’envie de faire des concerts ensemble. Nous avons conçu cet espace où nous pouvons faire la musique que l’on a envie d’écouter et sur laquelle nous voulons danser. C’est espace c’est Animal Chuki.
CxC : Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
AC : La plus grande inspiration était de pouvoir faire de la musique dans laquelle nous allions pouvoir nous identifier, pouvoir partager avec notre génération des sonorités qui, petit à petit, étaient oubliées ou laissées de côté. Nous étions aussi très heureux de découvrir des artistes du monde entier qui faisaient des choses folles musicalement, ça nous a beaucoup inspiré. Enfin, l’idée de faire de la musique sans savoir si elle allait être écoutée ou pas nous a permis d’expérimenter et de pas nous limiter.
Capicúa, le second EP d’Animal Chuki sorti chez ZZK Records en 2013
De Lima à Buenos Aires (ZZK Records) en passant par Barcelone (Folcore)…
CxC : Votre musique est sortie très tôt des frontières du Pérou, Folcore (label espagnol) a édité votre premier EP, Nativa en 2012, et ZZK (Argentine) le second, Capicúa en 2013. Comment se sont déroulés ces échanges ?
AC : C’est précisément parce que nous nous sommes risqués à publier notre musique sur internet. Un de nos amis, Diego (Qechuaboi), que l’on ne connaissait pas à l’époque, a écouté quelques uns de nos morceaux sur soundcloud et, selon ce qu’il nous raconte, a pensé : « C’est mortel, et c’est péruvien, je vais le partager avec un autre ami », et cet autre ami fut Germán de Souza (Cherman) de Folcore.org. Le projet lui a plu également donc il nous a écrit et nous a proposé de publier notre premier EP. Nous avons accepté avec plaisir, le plus drôle étant que nous n’avions même pas les tracks prêts à être publiés ! Ce qui nous a surpris c’est que les blogs spécialisés dans le genre faisaient des chroniques de notre EP, ça nous a fait plaisir et nous a motivé à continuer de composer.
Le contact avec ZZK fut très chouette car c’est un label que nous admirons pour le travail réalisé avec les artistes qu’il édite. La première chose qu’on a fait pour eux fut un remix pour La Yegros et une collaboration pour la compilation ZZK vol. 3, qui est une série de compil de différents artistes du monde entier.
CxC : Justement, ZZK a fêté en décembre dernier son huitième anniversaire. On pourrait dire que vous êtes les petits frères de certains artistes du label. Ce sont des références pour vous ?
AC : Nous sommes les plus jeunes du label, donc oui nous sommes un peu leurs petits frères ah ah ! Nous les aimons et admirons beaucoup, la musique qu’ils sortent nous a ouvert l’esprit et nous a montré qu’il n’y a pas de limites pour créer, tu dois simplement être authentique dans ce que tu fais.
… puis des tournées dans toute l’Amérique latine et en Europe
CxC : En dehors du Pérou, où vous jouez dans les évènements les plus grands comme les soirées TOMA!, Puro Cachascan et Fiestas con CH, vous avez joué en Colombie, au Mexique ou encore en Europe. Comment réagit le public à votre musique ? Comment s’est passé la tournée européenne de décembre dernier ?
AC : C’était très bien ! Incroyable ! De très bonnes expériences, nous avons beaucoup appris. En Colombie nous avons joué dans un festival qui s’appelle Hermoso Ruido (NDLR Beau Bruit en français), qui s’étale sur plusieurs jours et dans différents endroits de Bogotá. C’était très bien, et le public, très chaud, avait envie de faire la fête, comme au Mexique où nous avons fait une tournée de quelques semaines : excellentes dates à Mexico D.F., Oaxaca, Aguascalientes et pour finir Torreón au WACO festival. En Europe nous avons été très surpris de l’accueil du public, très curieux d’écouter de nouvelles choses et reconnaissant envers nous d’aller jusque là-bas partager notre musique. La réaction des gens est différente d’un endroit à l’autre, mais ce qu’il y a en commun est que la musique a quelque chose de spécial qui fait que tous se connectent avec certaines mélodies ou certains rythmes, et il se génère une sorte de communion entre ce que tu joues et l’énergie du public. C’est difficile d’expliquer avec des mots… mais pour résumer nous sommes très heureux d’être en train de vivre tout ça.
Animal Chuki en live aux soirées TOMA! à Lima
Premier album d’Animal Chuki : Frutero
CxC : Votre dernier projet en date est votre premier album Frutero. Pour ceux qui ne l’ont pas encore écouté, à quoi doivent-ils s’attendre ? Qu’est-ce qu’on entend dans Frutero ?
AC : L’album contient 11 pistes, des nouveautés mais aussi nos morceaux préférés des EPs Nativa et Capicúa, en version remasterisée. Ce sont les morceaux qui font partie du live set que nous avons préparé pour les tournées de 2014, donc l’album est chargé de toute cette énergie. Le disque s’appelle Frutero en hommage à Nicomedes Santa Cruz (NDLR poète péruvien), mais c’est aussi une référence à ce qui donne fruit, la connexion avec la terre et la vie qui génère encore plus de vie. (NDLR Frutero s’apprête à sortir cette semaine, n’hésitez pas à suivre Animal Chuki sur les réseaux sociaux pour ne pas rater ça ;))
Le premier single Frutero (Décimas de Nicomedes Santa Cruz)
CxC : Quels sont vos prochains projets ?
AC : Nous sommes en train de définir des dates en dehors du Pérou, afin de jouer dans le plus d’endroits possibles car nous voulons partager notre nouvelle production plus que digitalement : avec l’emphase de l’expérience du live ! Et maintenant que nous avons présenté la partie sonore d’Animal Chuki avec ce disque, nous trouvons normal de partager le côté visuel du projet, donc il y a beaucoup de matériel à venir !
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crédits artwork : photo de Paolo Rally