Bclip est un producteur, DJ et « ghetto curator » colombo-portoricain basé à Bogota. À la tête du label Paria Records, Bclip est également le producteur de la légende de la salsa/latin jazz Alfredo de La Fé et la moitié du groupe Boom Full Meke.
À l’occasion de sa tournée européenne qui débutera fin juin (toutes les infos en bas d’article), il nous a réalisé un mix inédit signant également la reprise de notre série Couvre x Tapes, en pause depuis 2017.
Son large panel d’influences s’étend du black metal à la champeta en passant par le reggaeton, plena, trap, trapbow, guaracha, funk carioca, makina, changa-tuki, dembow, soukous… la culture des picós (soundsystem colombiens) a aussi une grande influence sur sa manière d’aborder la musique.
Bclip s’évertue à développer un son aux confins de l’avant-garde et des ghettos, innover sans jamais perdre l’essence du barrio.
Décontextualiser et réinterpréter afin de coloniser des nouveaux espaces via des musiques marginalisées issues des ghettos afro et latinos, voilà le moto de Bclip.
Que ce soit par son label Paria, ses prods ou ses DJ sets, Bclip se fait le devoir le créer des projets d’ambition futuriste en se basant sur les rythmes caribéens, afin de combattre les clichés et stéréotypes « pseudotropicaux » néocolonialistes.
Interview : Bclip
CxC | Qui est Bclip et qu’est Paria?
Bclip | En 2001, je commence à produire et à organiser des soirées de musique urbaine underground à Barranquilla, avec du matériel maison. Nous recherchions un son très fort et strident qui garderait une qualité correcte. Les gens qui assistaient à ces bacanales disaient que les morceaux que je mettais saturaient (NDLR, en espagnol : « clipeaban », fait référence à la saturation, à l’effet de distorsion causé par trop de basses), le diodes de la table de mixage étaient toujours dans le rouge et mes tracks sonnaient plus fort que les autres. Tout cela venait en fait du fameux effet « mégabass » de sony discman. Malgré tout, le public aimait ça, c’est de là qu’est venu le nom, du clipeo (NDLR, en français : « saturation ») de ces équipements sonores modulaires. Le « B » fait référence à la b-side, du coup Bclip, « c’est celui des singles bizarres qui sonnent fort ».
En el 2001 empiezo producir y a hacer fiestas de musica urbana underground en barranquilla , con equipos caseros, buscabamos llegar a un sonido muy fuerte y estridente con una calidad medianamente decente. los asistentes a estas bacanales solian decir que los singles que yo ponia siempre clipeaban ,que nunca bajaban del rojo, sonando mas fuerte que otros, todo gracias al famoso efecto « megabass » de los discman de sony, pese a esto, el publico consideraba que sonaba bien… y de ahi empezo el nombre, del clipeo de aquellos equipos de sonido modulares. Bclip ,el de los b sides, el de los singles raros que siempre clipeaban.
Quelques temps plus tard, au cours d’un projet, des gens de l’île de San Andres, des chanteurs de musique urbaine avec qui je travaillais, pensèrent que le b signifiait « os », « cerveau » ou « sang » (NDLR, en version originale Bclip dit en anglais « bones, brain or blood »). Mais non, le « b » fait référence aux « faces b » de ces beats frutyloops qui sonnaient peu commun et faisait bouger les entrailles du public.
Tiempo despues durante una traba, unos isleños , cantantes de musica urbana con quienes trabajaba pensaron que la b significaba, bones , brain or blood, siendo la b , de b sides por aquellos beats de frutyloops
que sonaban poco comunes y hacian clipear mientras fumaban, alguna parte de sus entrañas
C’est depuis ce moment que j’ai été baptiste Bclip par la rue. J’ai toujours été un paria, celui des musiques bizarres.
C’est comme ça que j’ai lancé Paria il y a quelques années. Paria Records, un label et collectif dont l’objectif est de donner accès et connceter la « graisse » du ghetto avec d’autres contextes et ainsi mettre en avant l’avant-garde qui naît dans les quartiers.
Y bueno desde ahi quede bautizado por la calle como Bclip. en dicho contexto siempre fui el paria , el del sonido raro , eso hizo que hace ya un par de años fundara paria, un sello y colectivo que busca dar acceso y conectar con la grasa del ghetto con otros contextos y exponer el avantgarde que se gesta en el barrio.
Quels ont été les événements marquants de ta carrière jusqu’à maintenant ?
J’ai travaillé avec des artistes comme De La Ghetto ou le défunt Mexicano 777. J’ai pu créer, sur la base d’influences africaines et du son actuel des soundsystems de Barranquilla, un nouveau genre urbain-futuriste à 6/8 appelé Warapo.
J’ai beaucoup expérimenté la salsa et le latin jazz, avec des artistes légendaires tels qu’Alfredo de la Fe ou Eddie Palmieri. Une fois, j’ai même produit du black metal. J’ai aussi travaillé avec Afterclvb et des labels comme NAAFI sur certaines productions…
En bref, je pense avoir eu la chance de pouvoir explorer et produire des choses très disparates, mais toujours innovantes, toujours avec la volonté de sortir du cliché « palmiers et noix de coco », et de s’éloigner de ce que soi-disant nous devons être car nous venons des Caraïbes ou parce que nous sommes des latinos.
He trabajado con artistas como De La Ghetto o el difunto Mexicano 777, pude crear basado en influencias africanas y el sonido actual de los soundsytem en barranquilla, un nuevo genero urbano-futurista en 6/8 llamado warapo.
He hecho experimentaciones con la salsa y el latin jazz con artistas leyenda como alfredo de la fe o eddie palmieri, una vez produje algo de black metal, he trabajado con afterclvb o sellos amigos como NAAFI en algunas producciones .
En fin , creo que he sido afortunado en poder explorar y producir cosas tan dispares, pero siempre todo ha sido muy freshless por fuera del cliche de palmenras y cocos , tratando siempre de alejarme de lo que supestamente debemos ser los latinos o caribes.
Comment penses-tu qu’est perçue ta musique en dehors des frontières de Colombie ? D’Amérique latine ?
Je pense que les gens l’apprécient. Je vois beaucoup de potentiel dans des scènes comme le Mexique, la République Dominicaine et le Brésil. J’aspire à ammener la musique des quartiers populaires dans des endroits très éloignés, la connecter avec des genres locaux et essayer d’infiltrer de nouveaux contextes. Je crois que la force de proposition et la fraîcheur de ces musiques méritent d’être exposées.
Creo que les gusta, veo mucho potencial en escenas como la mexicana, la dominicana y la brasilera, aspiro a llevar los sonidos de los barrios a lugares muy lejanos, conectarlos entre ellos y buscar infiltrar nuevos contextos considero que lo propositivo y novedoso del pueblo merece acceso y exposicion.
À l’inverse, comment est perçu ton projet musical en Colombie ? Où joues-tu ? Quel est ton public ?
Je joue et produis de la musique des deux côtés : à la fois très mainstream et très underground. J’ai délaissé dernièrement les festivals et scènes gigantesques où j’avais précédemment joué pour me consacrer à la rue, pour proposer un son plus dense et proactif qui a encore du mal à se démarquer.
Toco y produzco musica en ambos bandos, muy mainstream y muy underground a la vez, ultimamente dejando de lado festivales y escenarios masivos en los que ya habia tocado anteriormente para dedicarme a la calle, a proponer un sonido mas denso y propositivo al que aun le cuesta sobresalir.
Il y a un esprit néocolonialiste qui soumet tout et tous ceux qui viennent de l’étranger, si un étranger le fait ici, c’est validé.
En Colombie, il y a beaucoup de potentiel, mais encore trop de peur d’explorer ou de ne pas être politiquement correct ou accepté dans le monde entier.
Il y a bien des très bons groupes folcloriques ou neofolcloriques reconnus, mais ce n’est qu’une partie de ce que nous avons dans le pays. L’avenir doit changer, il doit y avoir une update, du changement. Je pense qu’en tant que pays, nous devons rendre visibles d’autres choses, d’autres courants qui ne sont pas plus chauvins ou qui sont des flatteurs de l’étranger. Des endroits comme Videoclub et des projets comme Chupame El Dedo, House of Tupamaras, NON ou Putivuelta sont mes congénères, ils n’ont pas peur d’explorer.
Existe un espiritu neocolonista que licita todo y a todo aquel que viene de afuera, si un extrajero lo hace ahi es cuando es reconocido como algo valido.
En colombia hay demasidado potencial pero aun demasiado miedo por explorar o no ser politicamente correctos o mundialmente aceptados.
Las bandas folcloricas o neofolcloricas posicionadas existen y son muy buenas pero son solo una parte de lo que como pais tenemos, el futuro necesita un cambio, un update pienso que como pais hay que visibilizar otras cosas, otras corrientes que no sean mas chovinistas o en aduladoras de lo foraneo lugares como videoclub y proyectos chupame el dedo, house of tupamaras, NON o Putivuelta, son mis congeneres, y tampoco tienen miedo de explorar.
Qu’entends-tu par clichés « pseudotropicaux » et selon toi, pourquoi penses-tu qu’ils existent et subsistent ?
Je crois que le monde conditionne les pays du tiers-monde à être uniquement exotiques ou folkloriques. Nous avons été relégués aux scènes alternatives par mandat dictatorial. Nous sommes vus uniquement comme ceux qui conservent leurs racines, mais pas ceux qui, en cohérence avec elles, réussissent à explorer sans crainte de proposer quelque chose de nouveau.
L’explicite, le grossier et la rue a besoin de plus d’attention, car il est triste que beaucoup de ce qui parvient normalement à avoir un impact soit une version raffinée, blanchie et pas très proche à ce qui se passe réellement dans le ghetto
Creo que el mundo condiciona a los paises tercermundistas a ser unicamente exoticos o folcloricos, se nos ha impuesto a las escenas alternativas por mandato dictatorial ser unicamete quienes preserven sus raices, mas no quienes en coherencia con ellas puedan explorar sin miedo a proponer hacia el futuro.
Lo explicito lo burdo y lo callejero necesita mas atencion, porque es triste que mucho de lo que normalmente logra impactar sea una version refinada y blanqueada y poco cercana a lo que en realidad sucede en el ghetto.
Qu’attends-tu de cette tournée européenne ?
Ouvrir le champs des possibles. Connecter et construire de nouveaux ponts pour les prochains artistes du label, envisager des collaborations et featuring de tous horizons.
Abrir campo. Conectar y construir nuevos puentes, para los que pronto vienen,artistas nuevos del sello, y propuestas y featurings de todo tipo.
Bclip en tournée européenne cet été
Booking Allemagne :
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T: +57 3053338864 (WhatsApp)
T: +49 1635039408
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