La nouvelle compilation de Parkingstone, Dognight, est un peu un journal du voleur des vies queer au sein des genres bien hétéro des 90’s / 00’s
Parkingstone vient et revient avec des compilations et des soirées. D’abord au bien weirdo Chinois de Montreuil, puis dans quelques institutions, et demain dans un pub irlandais du 20ème.
Soirée mythique et label non moins mythique de Simone Thiébaut, Parkingstone propose sa compilation la plus atypique et sans doute la plus dense de ces dernières années. Pas vraiment une compil’ électronique ou club, pas vraiment non plus une compil’ expérimentale, Dognight est un peu un journal du voleur des vies queer au sein des genres bien hétéro des 90’s/ 00’s. On y trouve du néo-métal, du death-doom, des trucs qui ne sont pas loin de faire penser à du punk rock, bien évidemment des digests rap et des musiques électroniques, des citations d’eurodance et même une reprise de Madonna. C’est une compilation qu’il est difficile de décrire, chaque artiste présent.x.e ayant pris un malin plaisir à envoyer des contributions qui ne ressemblent pas nécessairement à ce que l’on peut connaître d’elleux. A priori on est assez loin des dancefloors que l’on connaît depuis quelques années, kétamine boogie et 150 bpm minimum, là on est plus subtile, bien sûr on pourra danser mais c’est plutôt un gros mashup noise / pop rock / trap / métal / rap / électronique. Et mashup c’est sans doute ce qui peut le mieux définir Dognight, d’abord parce qu’on y traverse vraiment plein de genres et de sous-genres qui sont ceux des adolescent.e.x.s et des enfants des millenials et de la gen Z, mais surtout parce que ça a quelque chose en plus.
Quand dans les années 2000 on regardait Buffy, on voyait ça comme un ilot un peu queer et hyper codé dans un paysage 100 % straight, là c’est un peu l’inverse, c’est comme si on était passé dans un monde hyper-trans* où chaque genre hyper straight pouvait être caricaturé au max pour en faire autre chose. À lui seul le morceau final de Cel Genesis pourrait résumer l’esprit, une voix mi noise mi métal reprise avec une sorte de disto légère qui peut faire le succès des trends TikTok, un son hardcore et une reprise d’O-zone en anglais, le tout passant par des moments dignes d’Autechre et des rythmiques quasi baile funk. On pourrait penser que c’est une compil de zoomers fous mais c’est vraiment bien bien plus que ça, c’est une forme d’ephemera queer.
L’ephemera queer, c’est un concept de J. E. Muñoz qui théorise l’idée que dans un régime politique hétérosexuel dominant, des espace-temps et des durées queer peuvent être arrachés au régime en place. C’est déjà ce que pensait et faisait Jean Genet dans son journal du voleur et c’est aussi ce que font Dognight, et les soirées Parkingstone depuis bientôt 10 ans et sans détours. Performance trash comprises. Parce qu’on préfère John Waters et Divine à une franchise « queer ».
Dognight est aussi une bonne séance de scrolling où vous pourrez retrouver des morceaux hardcore gabber de Blk Slk, ou death-doom de VIOLENCE (l’artiste qui a fait ressortir les guitares de l’hétéro-fascisme) ou les prouesses rap-pop d’Ish Couture voire même Nasty Noona qui s’essaie à la balade… Dans un moment hyper-réactionnaire, où partout l’extrême droite tue et condamne le monde dans des massacres abominables, des déportations et des génocides, il est toujours grand temps de penser au grand remplacement du régime hétérosexuel, Dognight y participe, et les soirées Parkingstone, plus que jamais.
Parkingstone a ouvert depuis une décennie une voie vraiment queer, énervée et exigeante dans une capitale souvent bien lisse, bien sage et qui ne sait encanailler que les enfants de la bourgeoisie réactionnaire qui dirige le pays. Pour beaucoup et pour nous, c’est important et merci. Alors allons foutre tout ça par terre et dansons vraiment fort sur les ruines.
Dognight est disponible sur toutes les plateformes, la release party aura lieu demain vendredi 18 octobre au Corcoran’s, place du Maquis du Vercors, 75020 Paris. Prenez vos places ici.