J’avais une panne d’inspi pour ton petit artwork, au final, j’ai fait quelque chose d’assez spontané. L’artwork s’intitule «désolé», comme pour dire «désolé pour cette fainéantise», «désolé du raccourci entre facebook et notre pseudo art». Je porte le chapeau de cette facilité. – BRNL
CxC : Salut Pierre, pour commencer, comment doit-on t’appeler ? Paixdraw, Burnhell… ? Lequel de ces surnom tu utilises et préfères le plus ?
BRNL : Salut les Gars ! Je suis d’abord très honoré d’apparaitre sur votre blog plein d’avenir. Alors mes appellations bizarres évoluent avec le temps, alors après avoir anglicisé mon nom avec Paixdraw ou Burnhell ; J’ai choisi de le minimaliser à la sauce MSTRKRFT en adoptant le pseudo BRNL qui est aussi le titre de mon blog. Je pense que ce changement est à l’image de mon évolution artistique. Je me suis découvert une adoration pour la photographie contemporaine (Jeff wall, les Becher, Depardon), les musiques d’ambiance… La mouvance minimaliste m’intéresse de plus en plus.
CxC : Peux-tu te présenter, en quelques mots, pour les lecteurs de Couvre-Chefs ? Comment te définirais-tu ?
BRNL : Je me définirais comme un « touche à tout » ; J’aime m’essayer à tout genre de choses : la peinture, le street art, la photo, l’écriture, le dessin, le graphisme, la vidéo, la musique (laborieusement). J’aime cette pluralité, car elle m’enferme dans une certaine naïveté qui décrit, je pense, mon style artistique.
CxC : Quels sont tes activités principales ? As-tu une préférence ? Autrement dit, dans laquelle te sens-tu le plus à l’aise en ce moment ?
BRNL : Je pense être quelqu’un de très lunatique artistiquement, je me lasse très vite d’une activité. Quand je suis pressé et impatient, j’utilise la photographie car elle symbolise bien cette pulsion créative. Quand je suis à Cherbourg, et que j’ai une après midi à perdre, j’empreinte le magnifique atelier de peinture de mon père. Je peins soit sur des toiles soit sur des bandes de papier (street art). Enfin quand je suis posé et que quelque chose me ronge l’esprit, la meilleure solution s’avère être l’écriture. Mais finalement, je me sens le plus à l’aise quand toutes ces activités se recoupent, elles prennent alors tout leur sens.
CxC : Peux-tu nous expliquer en quoi consistent-elles ?
BRNL : Il aurait été difficile pour moi de passer à coté de la mouvance street art, je me suis beaucoup intéressé avant d’oser faire quelque chose. A l’instar du pochoir ou du graff, c’est vers la peinture que je me suis tourné. A la manière de Paul Bloas, je peins des silhouettes sur des grandes bandes de papier fin. J’aime l’énergie de la peinture car on peut y voir la force du geste de l’artiste ; On peut comprendre son état d’esprit, sa sensibilité à travers le trait, la couleur. Ces silhouettes (échelle 1) je vais les afficher là où il y a du passage et là où je pense qu’on ne me les enlèvera pas. La démarche se termine quand je reviens le lendemain ou le surlendemain pour les prendre en photo. S’il devait y avoir une œuvre d’art dans ma démarche, cela serait la photographie finale.
En ce qui concerne la photographie, c’est quelque chose dont j’ai du mal à parler car je pense que tout le monde sait faire de la photo. Comment rendre une photographie intéressante ? En lui associant un son, un texte à fin de retranscrire une émotion, une atmosphère. La photo qui se suffit d’elle-même s’appelle la photographie contemporaine qui est un concept que je maitrise encore très mal mais qui m’intrigue énormément. Si j’avais le temps et les moyens de m’y intéresser d’avantage, j’achèterais une chambre, grand format (argentique) afin de prendre en photo des espaces, de l’urbain, des scènes de vie. Faute de pouvoir maitriser ce medium je me rattache à mon compagnon de route : un reflex Canon. Avec qui, j’archive ce que je vois ; mes photos sont rangées dans des dossiers, par date, par lieu. Rentré chez moi, je m’arme de mon Photoshop, et j’essaye de donner à mes clichés un style presque pictural en y associant les pratiques pauvres de la photographie argentique. Le problème de la photo est qu’on a l’impression de tricher ; la tendance actuelle renie le style numérique jugé trop fade, alors on « appauvrie » notre photo en grain, en couleur, en contraste, et on tente de la rendre plus brute, plus authentique !
CxC : Comment fonctionnes-tu ? tu marches à l’instinct, où tu préfères planifier ton travail ?
BRNL : J’attends l’évidence, la recherche est une phase de travail qui arrive après l’idée. On ne recherche pas une idée de création, on tombe nez à nez avec elle. Une fois qu’on a été contaminé par quelque chose, on lui tourne autour, on l’observe et on ne le lâche pas. Ça s’apparente à une réflexion qui débute toujours sur un page blanche et qui termine quelque part…
CxC : Sur ton blog (http://pierreburnel.tumblr.com/) on peut voir les photos de ton dernier séjour au Maroc, tu voyages beaucoup ? Si oui, les voyages sont-ils une source d’inspiration inépuisable ?
BRNL : Malheureusement, je ne voyage pas assez à mon gout, mais j’en ai extrêmement envie. Je suis très facilement émerveillé par des paysages, des espaces urbains, des ambiances. Je crois que c’est grâce au fait que je sois doté d’un appareil photo, que j’arrive à prendre autant de plaisir à contempler un paysage ; car je sais que je vais pouvoir le raconter. Il est clair que les voyages nous forment, nous façonnent mais je pense qu’on ne peut pas profiter pleinement de ces moments si on est seul. Le plaisir doit se partager.
CxC : Toujours sur ton blog, on se rend compte que la musique et le cinéma font partie de ton univers ; en quoi rythment-ils ton quotidien ? Tu y puises ton inspiration ?
BRNL : La musique et le 7e art sont pour moi, primordiales dans nos vies. Toute sensation doit pouvoir être accompagnée par une musique. Le cinéma, Quant à lui est un regard sur la vie, représenté par du son, de l’image, du rythme, une histoire ; c’est le plus bel art. Ces arts m’aident à comprendre le monde et à l’imaginer différemment.
Le problème de la photo est qu’on a l’impression de tricher ; la tendance actuelle renie le style numérique jugé trop fade, alors on « appauvrie » notre photo en grain, en couleur, en contraste, et on tente de la rendre plus brute, plus authentique !
CxC : Ton actualité, c’est quoi ? Quels sont tes derniers projets ?
BRNL : Je viens tout juste de rentrer dans l’agence créative Murmure basée à Caen (14). Je suis stagiaire et j’essaye d’associer mes compétences commerciales au dynamisme créatif de la boite (http://www.murmure.me/). Grâce à cette ambiance de travail, je compte bien développer des projets street art, photos etc…
CxC : On aime demander aux gens qu’on interview s’ils ont une anecdote à raconter ; alors, un truc à nous faire partager ?
BRNL : L’été dernier avec mon acolyte Antoine Voyer (graffeur), on a décidé de faire une grosse fresque à la peinture blanche et noire. On a fait un énorme poulet d’une dizaine de mètres… Alors que nous étions sur le point de finir, les flics ont surgit de nulle part et nous on invité à les suivre au commissariat. Problème : nous avons fait cette grosse peinture sur un site classé, un ancien fort construit à l’ère Napoléonienne. La municipalité fut furieuse et nous demanda expressément de foutre un gros coup de Karcher sur notre poulet de compét ! Ce que nous fîmes…
CxC : Mis à part ton blog, où peut-on suivre ton actualité ? (pages FB, twitter…)
BRNL : J’essaye de laisser l’exclusivité à mon blog, Cependant il m’arrive parfois de mettre mes photos et peintures sur mon compte facebook -> Pierre Burnel.
CxC : Ah et, dernière chose, tu réalises aussi des artworks non ?
BRNL : Je réalise pour la deuxième fois le visuel des mix du DJ Adrian Gee, ce dernier s’intitule « The Flight Back ». Ce visuel provient de ma série faite au Maroc. Vous découvrirez ses mix housy sur : http://soundcloud.com/adrian-gee/the-flight-back-september