Le producteur portugais Diogo Carriço dévoile « Manifesto », un manifeste sonore posthumain
Diogo Carriço est un artiste et compositeur portugais dont le travail explore les liens entre musique, technologie et corps augmenté. À travers des performances et installations hybrides, il développe une esthétique posthumaine mêlant instruments acoustiques, algorithmes et interfaces gestuelles.
Couvre x Chefs a le plaisir de dévoiler en première exclusive son nouveau single intitulé « Manifesto ». À venir ce vendredi 13 juin, le morceau s’impose comme une œuvre déroutante, entre extase électronique et vertige posthumain. Ce n’est pas simplement un titre de musique expérimentale : c’est une immersion dans un futur où l’humain, la machine et l’art fusionnent dans un même souffle cybernétique.
Conçu autour du piano Disklavier — un instrument acoustique contrôlé par MIDI capable de jouer seul — « Manifesto » brouille les frontières entre le naturel et l’artificiel. Pendant une résidence artistique en 2023, Carriço a programmé des séquences pianistiques à la vitesse inhumaine, comme si le clavier était animé par des doigts robotiques ou possédé par des fantômes numériques. L’artiste cite d’ailleurs une scène de Ghost in the Shell où un personnage voit ses mains se multiplier en une grappe de doigts mécaniques ultra-rapides. Ce fantasme d’un corps augmenté devient ici réalité sonore.
Mais l’ambition de « Manifesto » va au-delà de la prouesse technique. Carriço orchestre en direct une performance hybride : sa main gauche pilote un synthétiseur via des gestes captés en temps réel grâce à son propre logiciel, Qi, pendant que sa main droite joue physiquement le piano. Ce dédoublement gestuel crée une sensation de fluidité désincarnée, comme si l’on assistait à la transe d’un cyborg habité par l’émotion. Le piano, quant à lui, est traité non plus comme un instrument classique mais comme un synthétiseur acoustique : cordes étouffées ou pincées, résonances modifiées, textures altérées… son timbre est méconnaissable, sculpté jusqu’aux limites de l’étrange.
À travers ce morceau, Carriço ne cherche pas à prendre position sur le devenir posthumain. Il préfère faire entendre ce qui pourrait venir après : une musique entre beauté alien et avertissement technologique. Quelques sons robotiques absurdes — des interjections « oi » et « ui » sorties d’un talkbox sarcastique — viennent par moments perturber l’équilibre, comme si le système lui-même se mettait à buguer. C’est une esthétique du glitch, une poésie de l’erreur maîtrisée.
Avec « Manifesto », Diogo Carriço signe une déclaration artistique forte, ancrée dans les questions de notre époque : que devient l’humain quand il se fond dans la machine ? Et si l’art du futur était déjà là, tapi dans les algorithmes, attendant de prendre vie sous nos doigts augmentés ?
« Manifesto » de Diogo Carriço sort le vendredi 13 juin sur toutes les plateformes et sera disponible via ce lien.