Sur Couvre x Chefs, on parle beaucoup de musique… mais pas uniquement. L’art dans sa globalité nous intéresse, sans barrière ni frontière. Nous couvrons l’actualité de ceux que nous appelons les petits chefs. Des gens qui, aux quatre coins du monde, font preuve de créativité et développent des projets aussi divers que variés. C’est dans cette optique que nous nous sommes entretenus un petit temps avec le big homie PYM, qui travaille actuellement dans une galerie d’art à Pékin : La MOUart Gallery… Bonne lecture. TAHAW.
Salut Pym ! Tout d’abord merci à toi de nous accorder un peu de ton temps pour répondre à ces questions !
Merci à vous !
Pour commencer, peux-tu nous présenter la galerie MOUart ?
La MOUart est une jeune galerie installée depuis un peu plus d’un an au nord du 798 Art District à Pékin. Également appelée Art Zone cet ensemble au Nord-Est de la ville dans le quartier de Dashanzi devait être la vitrine industrielle de la Chine sous Mao. Pour cela, le Parti avait alors employé les services d’architectes allemands afin d’y installer des chaines de production de matériels électriques (générateurs etc…). Puis le complexe a peu à peu été laissé à l’abandon et a vu s’installer en son sein depuis une vingtaine d’années, divers artistes et galeries de la région pour devenir maintenant l’un des pôles artistiques les plus important de l’Asie avec Tokyo, Hong Kong etc…
De très fameuses galeries sont implantées ici comme la Xin Dong Cheng Space for Contemporary Art ou encore la mondialement connu Pace Gallery… Nous sommes d’ailleurs situés juste à côté de celle-ci, dans une partie de l’ensemble qu’on appelle Originality Square.
Et ta galerie au milieu de tout çà ?
Bien que chinois pour la plupart, la galerie à pour but la découverte et la promotion de nouveaux talents sans regard vis-à-vis de leur âges, de leurs nationalités ou encore de leurs pratiques artistiques. Nous pouvons donc accueillir aussi bien des expos photo, que des sculptures ou encore des installations. Pour cela nous disposons d’un espace de 150 mètres carrés et d’un mur mobile qui nous permet d’adapter l’agencement selon les besoins de l’exposition. Le bâtiment dans lequel nous sommes installés est vêtu de belles briques rouges. Il abritait des bureaux et est, comme tout le reste de l’ensemble, d’inspiration allemande pour son architecture.
Quel est le fonctionnement de la galerie ? Combien de personnes y travaillent ?
La galerie est vraiment animée par une volonté de diffusion de l’art quel que soit sa forme. Il y a depuis quelques années une espèce de quête du productivisme dans le marché de l’art dont nous tâchons de nous éloigner car elle est pour nous synonyme de perte de sens. Nous fonctionnons donc par projet ; chaque projet étant une exposition dont le contenu, la scénographie et la durée varie d’un projet à l’autre.
Nous sommes pour cela trois personnes à travailler dans cet espace : la propriétaire des lieux (Xi Que), le responsable de l’accueil (Yan Nan) et moi.
« Il y a depuis quelques années une espèce de quête du productivisme dans le marché de l’art dont nous tâchons de nous éloigner car elle est pour nous synonyme de perte de sens. » (PYM – International Supervisor – MOUart Gallery)
Actuellement, que peut-on voir dans la galerie ? Qui est mis en avant ? Quels sont les prochains artistes qui seront exposés ?
Notre exposition actuelle, intitulée Play, rencontre un grand succès. C’est une exposition individuelle des travaux de l’artiste chinois Dai Chenlian. Cet artiste s’exprime au travers de trois pratiques : la peinture, la vidéo et des performances théâtrales. Je suis heureux car l’exposition regroupe ces trois pratiques, ainsi le processus de création de l’artiste est visible dans son ensemble.
En effet, celui-ci peint dans un premier temps toutes ses projections, (idées, souvenirs, rêves etc…). Ces tableaux lui servent ensuite de plan, de trame pour créer des courts métrages réalistes en ombres chinoises. Ces courts métrages servent eux-mêmes de support lors de ses performances théâtrales.
Le mois prochain, nous accueillons les peintures d’un autre artiste chinois : Wang Yuan Zheng.
Mais ce que j’attends avec la plus grande impatience, c’est la fin du mois de novembre !
Pour quelle raison ?
Je travail en ce moment avec l’artiste Xiao Jing qui exposera ses travaux à partir de la fin du mois de Novembre. Parmi ceux-ci, une œuvre participative sera présentée ce qui me plait énormément car je pense qu’il est essentiel que l’art contemporain redevienne accessible à tous et que quiconque puisse interagir avec, qu’il puisse même intégrer dans le processus de création.
Une œuvre participative ? Peux-tu nous en dire davantage ?
Le principe est simple, on peut d’ailleurs le comparer au Inside Out Project de JR. Nous invitons les gens à nous envoyer leur portrait avec un arrière plan blanc. Nous allons récolter le plus de portraits possible et ce du monde entier jusqu’au 24 Novembre prochain et ceux-ci constitueront une installation de l’artiste intituléeOne million in 10 minutes and 24 days. Pour plus d’info j’invite les lecteurs à aller visiter notre page Facebook.
En quoi cette galerie est-elle différente de toutes les autres galeries d’art pékinoises ?
Le fait d’être petits nous permet vraiment d’être libres et indépendants dans nos choix d’exposition et dans notre sélection d’artistes. Nous n’avons que faire des tendances et logiques du marché de l’art contemporain car notre vision est différente. Nous trouvons que celui-ci est devenu trop prétentieux et trop élitiste et nous tachons de le rendre à nouveau accessible même aux plus néophytes.
Aussi, afin de nous « exporter » à l’étranger, nous préférons bâtir des relations amicales avec d’autres galeries ou institutions artistiques afin de travailler en partenariats avec elles au lieu de courir les art fairs mondiales et de plus en plus chères (aussi bien pour les galeries que pour les visiteurs d’ailleurs).
Depuis combien de temps travailles-tu pour cette galerie ? Quel est ton rôle au sein de celle-ci ?
Cela fait un peu plus de trois mois que je travail ici. Officiellement, mon statut est « International Supervisor », je me dois d’accomplir quelconque tâche où l’anglais est nécessaire. Cela va de la réception de visiteurs ou clients étrangers à la couverture médiatique en passant par la création de nouveaux partenariats.
Cependant le fait d’être une équipe restreinte me permet de prendre part au quotidien aux différentes décisions et orientations de la galerie.
Quelles sont les choses que tu aimerais mettre en place dans cette galerie ? Quel avenir envisages-tu pour la MOUart Gallery ?
Il y en a plein !
En ce moment je travail beaucoup sur le projet de fin novembre qui me tient particulièrement à cœur. On est également en train d’étudier ma proposition de faire une co-exposition avec une galerie américaine, on exposerait leurs artistes tandis qu’ils exposeraient les nôtres.
Mais ce que j’aimerai le plus mettre en place, c’est une exposition de street artistes chinois. L’art de rue en Chine, qu’il soit au travers du graf’, de la danse ou de la musique, est quelque chose d’encore très underground ici de part les lourdes répressions auxquels il doit faire face. Pourtant de véritables prodiges y évoluent et se serait un rêve que de pouvoir les mettre au grand jour.
La scène street art pékinoise est-elle active ? Comment cette forme d’art est-elle perçue en Chine ?
Elle est de plus en plus active, mais encore trop limitée par les conséquences énormes qu’elle peut engendrer. La peine officielle pour un graf non autorisé par le gouvernement est de 4 ans de prison ! Bien que les mentalités évoluent, le street art est toujours vu ici comme une brulure sur la peau des villes chinoises…
C’est pourquoi il est important de l’aider à revendiquer son droit à exister ! Le street art doit rester à la rue et perds de son sens entre les murs d’une galerie mais c’est peut être un mal nécessaire pour l’aider à s’émanciper ici.
Où peut-on suivre l’actualité de la galerie ? Site internet ? Page Facebook ?
Nous avons un site internet : http://mouart.com, celui-ci risque d’être en travaux prochainement car il va nécessiter une refonte complète notamment pour la partie Anglaise.
Nous avons également une page Facebook et invitons tout le monde à y faire un tour et à la liker.
Merci à toi d’avoir pris de ton temps pour t’entretenir avec nous. On se keep in touch. See ya !
TAHAW/