Yung Soft est une figure incontournable de la scène marseillaise et, plus généralement, de la musique électronique française. Il est sur le point de sortir son premier EP tant attendu Venus Boy, en auto-production, le 6 juin.
Premièrement actif de 2010 à 2016 au sein de son duo Ideal Corpus (formé avec Moesha 13), fer de lance d’un r’n’b ou vaporwave novateur à souhait et teinté de musiques club locales comme le kuduro. Ensuite c’est en solo sous l’alias Bogoss Lacoste, blase club et VNR avec lequel il sort des packs d’edits plus bluffants les uns que les autres, où club music hybride rencontre classiques de rap marseillais. On doit aussi à Bogoss Lacoste les cultissimes mixtapes Marseille City Gang, et récemment la version gabonnaise, LBV City Game, inspirée de la scène trap actuelle de Libreville, le tout entièrement édité et remixé par l’hyperactif bogoss.
Lorsque Bogoss Lacoste devient Yung Soft, c’est son côté heartbreak qui prend le dessus, s’empare du micro pour réciter des textes rêveurs et emplis de mélancolie. Chanteur et compositeur, Yung Soft réalise l’intégralité de ses morceaux, et expérimente avec ce projet une nouvelle facette de sa personnalité en tant qu’artiste.
« Venus Boy », le premier EP de Yung Soft
Ce mois-ci sortira enfin le tant attendu premier EP. Intitulé Venus Boy, le projet regroupe 6 pistes, dont deux déjà sorties à l’heure actuelle.
Condensé d’émotion, Venus Boy tend parfois vers le r’n’b, parfois vers le dancehall ou le baile funk, et souvent vers une pop hybride à cœur ouvert qui parvient à synthétiser les diverses influences que son auteur y a injecté.
En guise de mise en bouche, Yung Soft nous a confié la diffusion du morceau éponyme de l’EP, Venus Boy. Avec cette ballade cloud autotunée aux accents trap, le producteur et chanteur marseillais livre un titre aérien, fort et sensible à souhait. Résolument beau, Venus Boy, qui introduit, ou clotûre, parfaitement l’EP du même nom, est en écoute ci-dessous. Le EP sera disponible dans son intégralité le 6 juin.
Interview
CxC | Pourquoi ce titre, « Venus Boy » ?
Yung Soft | Au début ça devait être autre chose, quelque chose de plus léger et plus « sympa », axé sur mon côté fédérateur et souple, puisque le premier morceau de cet EP était Up For Stuff et marquait le début d’une période plus simple et plus légère dans ma vie et m’a inspiré le reste de cet EP, cette envie de kiffer la life naïvement et avec bienveillance. Mais au final le titre Venus Boy est venu par lui-même, il m’est apparu plus logique et plus fort car c’est devenu de plus en plus une réalité dans ma vie, mon vécu se rapproche de cette sympathie avec venus, ça parle de ma fluidité dans l’univers que j’ai aujourd’hui totalement acceptée et intégrée dans ma vie puisqu’elle a toujours été une réalité. Cet EP est donc devenu au final très personnel malgré la légèreté apparente de certains morceaux phares. Venus Boy, c’est aussi le dernier morceau que j’ai écrit pour cet EP, donc le plus actuel dans ma façon de voir cet EP et mon approche du monde.
Comment as-tu abordé la composition de cet EP ?
J’ai d’abord commencé donc par trouver l’air et les paroles de Up For Stuff, en vacances dans un bus en Provence, été 2016, un jour où j’avais une joie de vivre assez forte. Ce titre indéniablement inspiré à l’époque par Palmistry m’a permis d’exprimer mon envie de faire plein de nouvelles choses dans ma vie depuis que j’ai commencé ce projet solo. A la fois j’exprimais cette émotion de joie naïve et en même temps chanter cet air m’enjaillait encore plus et me donnait de l’énergie positive, simple et pure, pour kiffer la life sans prise de tête (et dieu sait comme j’en avais besoin à ce moment-là). Et puis les autres titres sont venus assez spontanément durant l’année, à travers plusieurs expériences vécues qui m’ont inspirées, je voulais simplement chanter mes kiffs, mes joies, quelques peines et tout ça m’a dirigé lentement vers le dernier titre, Venus Boy, qui clotûre assez logiquement ce chapitre de ma vie par une affirmation de moi que j’avais besoin d’exprimer.
Qu’est-ce qui t’a inspiré, quel a été le fil directeur de l’EP?
J’admets sans souci que j’ai été inspiré par des artistes que j’écoutais, je pourrais citer Palmistry au début, puis Uli K qui m’ont mis sur la voie de cet EP. Puis j’ai un peu dérivé dans mes influences plus UK funky, il y a aussi Kelela qui m’a grandement inspiré dans ce feeling wavy. Doucement, à travers un peu de mimétisme au début, j’ai plus tard découvert une voix en moi que je ne connaissais pas avant cet été 2016 où j’ai démarré ce projet. C’est cette voix pop, sympa et bienveillante. En la développant, j’ai pu mieux me cerner, me comprendre pour finalement me connaître plus qu’avant. Le fil directeur est donc clairement plusieurs romances que j’ai vécu, des personnes que j’ai rencontrées depuis 2016 qui m’ont dévoilé des parties de moi-même que j’ignorais. Cet EP est finalement assez confessionnel et thérapeutique, même si l’impulsion de départ était de « juste faire de la nouvelle musique sympa »…
Ça fait un moment que tu sors de la musique, qu’est-ce que représente cet EP pour toi maintenant ?
Cet EP, dont les premiers morceaux ont été écrits il y a quasiment 3 ans, représente une période de ma vie, une période de changement, une période de découverte de nouvelles facettes de moi-même qui étaient restées cachées. Ça représente beaucoup pour moi de le sortir, c’est un peu mon bébé. C’est le premier EP solo que je sors avec ma voix. Cet EP est une traversée de plusieurs émotions que j’ai éprouvées, de la contemplation sur le passé, de l’excitation pour le futur, de la joie du présent, de l’amour partagé, de la confession intime… Le morceau Venus Boy, devenu le titre de l’EP, c’est un peu la conclusion de cette méditation sur ma vie. Je suis passé par plusieurs étapes à travers des rencontres qui ont forgées la vision du monde que j’ai aujourd’hui : un monde plein de merveilles à découvrir, où j’ai envie de prendre des risques pour vivre des choses nouvelles, où j’ai envie de partager l’amour. Ça parle aussi de la dualité de ce monde soit une envie de fusionner et m’abandonner à l’univers en oubliant toute frontière + une envie de scander mon indépendance, mon individualité, ma personne sans inhibition – avec amour et bienveillance.
Le premier EP de Yung Soft, Venus Boy, sera dispo le 6 juin.