Il y a deux ans, j’ai rencontré Jean Laumet qui était à l’époque vendeur à la très bonne boutique Culture Denim, à Lille. Passionné de couvre-chef et plus particulièrement de 5 panels, il m’avait parlé de son projet de création de marque de casquettes. Un projet intitulé Neypo (Poney en verlan). Ce n’est que bien plus tard, pendant une de mes longues sessions de « geekage » sur Internet, que j’ai découvert qu’il avait concrétisé son projet et lancé sa ligne de casquettes. Il me fallait donc absolument retourner sur Lille pour le rencontrer de nouveau et qu’il m’explique cette belle aventure.

Rendez-vous pris à la boutique-atelier Neypo, à Lille, un samedi après-midi de novembre. Quand j’arrive, Jean travaille dans son atelier avec son assistant. Il m’offre un café, et nous commençons à discuter.

Neypo : un projet mûrement réfléchi.

A la tête du projet, un homme donc : Jean Laumet (24 ans), qui a toujours été attiré par l’art dans sa globalité, et plus particulièrement la mode. Diplômé d’un baccalauréat en Arts Appliqués à l’ESAAT de Roubaix (Ecole Supérieure des Arts Appliqués et du Textile) et d’une licence aux Beaux Arts de Valenciennes, il intègre la prestigieuse école de Saint Luc, à Tournai (Belgique). Mais l’expérience est de courte durée, Jean n’y restant pas plus de six mois. En effet, il quitte sa formation comparant l’établissement « à une usine ». Passionné de streetculture, il ne voulait surtout pas être un numéro sur un dossier et voir son art jugé par des personnes n’arrivant pas à assimiler ses travaux.

Jean entre alors dans une période où il enchaînera plusieurs jobs sur Lille : il travaille chez Quick mais ne reste pas longtemps, et enchaîne comme vendeur chez Superdry (marque de prêt-à-porter) puis chez Culture Denim (magasin multimarques orienté streetwear). C’est au cours de cette dernière expérience qu’il va commencer à s’intéresser de plus près à la mode, aux produits (qualité des matières et de fabrication…) et à comprendre comment fonctionne l’industrie du textile.

Là-bas, il voit l’émergence de marques françaises de streetwear comme Qhuit et Sixpack et découvre les relations étroites qui existent entre les fringues et la musique. Passionné de streetwear, il découvre aussi une quantité de nouvelles marques qui vont l’inciter et le motiver à réfléchir à son projet personnel. Neypo traine déjà dans un coin de sa tête et va de plus en plus occuper son esprit. Il porte une attention toute particulière aux casquettes distribuées en boutique chez Culture Denim et s’intéresse aux matières utilisées par les marques, au montage des casquettes… C’est en revenant du salon berlinois Bread and Butter qu’il prend sa décision : il quitte  son job de vendeur pour se consacrer pleinement à Neypo.

Crée en 2001, le salon Bread and Butter est le rendez-vous bi-annuel incontournable pour tous les professionnels du streetwear. Il se tient en Janvier et en Février, et toutes les marques (importantes) sont présentes. Les acheteurs des magasins viennent donc y découvrir les nouvelles collections et faire leurs achats. Après avoir résidé plusieurs années à Barcelone, il se déroule actuellement à Berlin.

La boutique Culture Denim à Lille propose une sélection pointue de marques de streetwear
(Bleu de Paname, Norse Projects, Carhartt WIP…).

Les débuts de la marque.

En juin 2013, Neypo est officiellement crée et Jean Laumet se consacre entièrement à cette nouvelle activité. Il n’est pas seul à s’être embarqué dans l’aventure. Il s’entoure d’amis et forme une équipe :

• Valentin Bataille (couturier-assistant) : présent depuis le début, il prépare tous les éléments nécessaires au montage de la casquette (découpe des matières, préparation des fournitures…). Il travaille à temps plein sur Neypo.
• Oscar (directeur commercial) : travaille chez Jules et apporte sa connaissance de l’industrie textile ainsi que son « carnet d’adresses ». C’est lui qui a sourcé l’ensemble des fournitures (étiquettes, bande de réglage en cuir…) en Chine. Un conseiller en quelque sorte.
• Charles Antoine (directeur artistique et community manager) : que ce soit la création de visuels, le site internet, la page facebook, il s’occupe de toute l’image de la marque et de l’animation de « la communauté Neypo ».

Jean se concentre sur un modèle précis de casquette : la 5 panels qui tire son nom de l’assemblage des cinq pans de tissus cousus entre eux. Un modèle très apprécié aujourd’hui des amateurs de streetwear.

Le modèle « Cowboy », un des touts premiers lancés par la marque.

Mis à part les fournitures achetées en Chine, 80% des tissus proviennent des marchés du Nord de la France, et notamment du célèbre marché de Wazemmes. Ses potes lui ramènent aussi des tissus trouvés lors de leur voyage aux 4 coins du monde. C’est ce qui fait le charme de ces 5 panels : chaque série de casquettes est montée dans un tissus qui ne sera pas réutilisé. Chaque modèle est donc unique (et numéroté !).

Les fournitures sont sourcées en Chine, ce qui implique des minimas de commande importants…

Chaque casquette est vendu avec un petit porte-monnaie fabriqué dans le mêmeavec le même tissu. L’un ne va pas sans l’autre.

Aucune casquette n’est vendue sans sa petite bourse.

Au début, Valentin et Jean n’ont pas d’autres choix que d’installer leur atelier dans le salon de Jean. La casquette est entièrement montée à la main et fabriquée sur place. Une manière artisanale de travailler qu’ils souhaitent absolument garder.

Les premières séries de casquettes sont préparées et montées dans l’atelier-salon chez Jean !

Toutes les casquettes sont montées à la main ! 

Pour fêter le lancement de la marque, une soirée à été organisée au shop La Boite Collector à Lille. Une collaboration qui a vu la naissance d’un modèle exclusif (déjà sold out évidemment !).

Petit trailer de la soirée de lancement Neypo x LBC.

Le modèle exclusif Neypo x LBC et le porte-monnaie qui va avec.

L’objectif est vraiment de fédérer le maximum de personnes autour de la 5 panels et de prouver que celle-ci n’est pas uniquement réservée aux amateurs de streetwear. La cible Neypo ? Tout le monde : les jeunes, les papys, les hipsters… Jean ne veut absolument pas réserver son produit à un client type et souhaite au contraire faire porter une casquette au maximum de personnes… Et tant mieux si celles-ci n’ont rien à voir avec la streetculture !

L’équipe Neypo était même présente à la célèbre braderie de Lille ! Sur le stand de la boutique La Boite Collector, on pouvait y voir l’équipe produire sur place des modèles, y acheter sa casquette et même repartir uniquement avec un porte-monnaie !

Du salon à la boutique-atelier…

Le projet Neypo prend une toute autre envergure quand la marque intègre la structure Maison De Mode Lille en septembre 2013. Dans la foulée, Jean remporte le concours Grand Prix Maison de Mode et la boutique-atelier promise au vainqueur. Fini le salon réaménagé en bureau, à présent l’équipe est installée et travaille à l’arrière de sa propre boutique. Un privilège rare pour un jeune créateur qui cumule en un même lieu atelier de production et espace de vente entièrement dédiée à ses collections.

De gauche à droite : Jean Laumet, Charles Antoine et Valentin, devant la boutique Neypo à Lille.

Maison de Mode est une structure qui a pour objectif de développer la création textile dans le Nord de la France (région historiquement liée à l’industrie textile). En installant des jeunes marques dans des boutiques et en leur assurant un suivi individuel, elles accompagnent les créateurs à chaque étape de leur développement (aides à la gestion, aides pour lever des fonds ou pour construire son réseau de distribution…). Par exemple, au-delà de la boutique-atelier, Maison de Mode mets à disposition de Jean des modélistes qui lui dessinent les patrons des modèles de couvre-chefs à venir.

… jusqu’au défilé de mode et le sponsoring d’artistes.

Parmi les projets sur lesquels Jean et son équipe ont travaillé, le modèle de 5 panels réalisé spécialement pour le défilé des créateurs Tristan Besnard (La Garçonnière) et Justine Clenquet est un des plus intéressants. En effet, c’est le seul modèle de la marque avec imprimé en grand le nom « NEYPO ». Une nécessité pour que celui-ci soit visible de tous lors du défilé mais un cas unique pour la marque, privilégiant habituellement la discrétion. Autre particularité du modèle : des bijoux étaient accroché sur les pans et la visière. Le résultat est déstabilisant mais il convient de préciser que ces modèles n’ont pas été conçus pour être porté dans la vie de tous les jours mais pour un événement précis. Une sorte de challenge qu’a relevé Jean. Pour ma part, je ne peux que saluer cette prise de risque !

 Les modèles du défilé organisé à Lille par Maison de Mode… Libre à chacun de se faire son propre avis !

Enfin, nous ne pouvons qu’être enthousiasmés par la collaboration entre Neypo et le rappeur lillois Pink Tee (qui vient de sortir son nouvel EP « C.O.O.L » disponible ici) ! La marque a en effet développé un modèle unique pour le rappeur. De ce que nous savons, ce n’est que le début de cette collaboration… !

Le modèle unique réalisé pour le rappeur lillois Pink TeE !

Le clip de la track « It’s Yours » tourné dans les rues de Lille ! Titre à retrouver
sur la summer tape « Eté Bouillant » du boug Philou Passe Des Disques.

De beaux projets à venir !

Neypo est une marque pleine de promesses et Jean a de nombreux projets en tête notamment le lancement de bobs réversibles… ! Plein d’idées qui se concrétiseront au fur et à mesure, sans précipitation. Jean fonctionne au feeling et prend les choses comme elles viennent.

Voilà à quoi ressemble un pack Neypo : la casquette, le porte-monnaie (rangé dans une boite spécifique) et les stickers… le tout dans une boite siglée du nom de la marque.

Ses casquettes sont disponibles à la boutique Neypo (31 rue du Faubourg des Postes à Lille) et sur son site internet ici. Bien entendu, Jean cherche des distributeurs intéressés par son projet et qui souhaiteraient proposer ses collections. C’est bien là la clé du développement de Neypo : avec une quinzaine de ventes par mois, Jean n’est pas à l’équilibre mais souhaite l’atteindre dès l’été prochain. Pour cela, il doit étendre sa distribution et produire plus de modèles. Aujourd’hui, 50 casquettes sortent tous les mois de son atelier mais il souhaite accélérer le rythme en recrutant des stagiaires. Son objectif ? Etre en mesure de sortir 1 nouveau modèle par semaine… !

Toute la collection est disponible sur l’eshop de la marque ici.

 [fancygallery id= »1″ album= »24″]