Le producteur parisien et membre clef du label Paradoxe Club, Le Dom, s’apprête à sortir son nouvel EP. Intitulé Caesura, ce nouvel effort fait suite à l’EP Schism qui avait été mis en lumière par FACT, Resident Advisor ou encore Mixmag. Compose de quatre titres hyper solides à la production remarquable, Caesura illustre un parfait équilibre entre énergie brute, textures galactiques et sound design cinétique. Rencontre.
Tévéa pour CxC | Hello Le Dom ! On espère que tu vas bien malgré la période actuelle. Être producteur de musique et DJ en région parisienne c’est pas vraiment simple en ce moment, et ça va faire deux ans. Comment tu le vis personnellement ?
Le Dom | Pour le côté DJ bien sûr c’est assez simple puisque l’activité n’était pas possible. Mais ça a un effet sur la production aussi puisque sans connexion aux soirées, à la réaction des gens, on se retrouve dans une bulle qui n’est pas toujours bénéfique quand on fait de la musique. J’ai naturellement tendance à m’isoler pour produire, je pense cependant qu’avoir un contact direct et régulier avec la musique jouée fort sur un sound system est primordial quand on veut faire ce genre de musique.
Ce nouvel EP Caesura confirme vraiment ton identité sonore et il s’inscrit dans la continuité de tes précédentes productions. Quelles sont tes inspirations ? Ça peut être des artistes, des labels, des films, des lieux, des moments de vie etc..
J’écoute beaucoup de choses, mais l’idée de ce que je fais avec ce projet c’est de ne pas avoir d’idées préconçues, parfois peut-être une idée globale mais qui reste très ouverte.
J’ai tendance à m’ennuyer très vite si j’essaye de faire un morceau « comme ci » ou « comme ça ». Donc je fais exactement l’inverse, j’essaye de me surprendre.
J’intellectualise le moins possible dans un premier temps en expérimentant sans me poser de limites, comme un savant fou ou juste un enfant qui s’amuse. Dès qu’un résultat attire mon attention, je le garde et j’essaye de faire évoluer ça en morceau. Là ça devient un processus plus réfléchi (et moins amusant aussi).
On peut dire que t’es un maître du sound design sur tes productions. D’où te vient cette technique ? Tu utilises quel matos pour produire ? Et est ce que tu produis avec d’autres personnes ?
Caesura est un bon exemple, aucun morceau n’a été fait de la même manière ce qui fait qu’ils sonnent assez différents les uns des autres. Ils ont été faits à des périodes diverses pendant lesquelles j’ai pas mal changé de config, machines comme plugins. Par exemple « Forme » est fait quasi intégralement avec un plugin assez délirant que je n’avais jamais utilisé avant et que je ne crois pas avoir réutilisé depuis. « Water Coaster » vient d’expérimentations avec le synthé Virus Ti. « Caesura » c’est beaucoup de plugins de distorsion combinés avec des effets et des filtres en tout genre. Enfin « Loot » c’est probablement le morceau avec le plus de matériel différent, beaucoup de pistes avec des sources sonores diverses qui se parlent entre elles.
L’idée est souvent la même, utiliser le matériel d’une manière personnelle, parfois contre-intuitive pour en tirer des sons qui vont m’inspirer.
Au départ ça ne donne souvent rien de bon, mais à force d’expérimenter on trouve des associations qui fonctionnent et qui donnent des résultats intéressants.
Je m’amuse beaucoup à essayer de ne rien faire comme « c’était prévu ».
Avec Paradoxe Club, vous balayez un spectre musical très large. 2021 a été une année assez prolifique pour vous entre vos résidences sur Rinse, l’album de Sunareht, et votre set au PEF. Du coup pour continuer sur cette belle lancée, c’est quoi les plans pour 2022 en plus de ton EP ? Des sorties, des collabs, des soirées ?
On va bientôt sortir un hit de De Grandi que la planète entière (au moins) attend depuis quelques temps déjà (indice : biniou). Sunareht a plus d’un tour dans sa besace pour cette année aussi. Il y a des bruits de couloir pour sortir le projet d’un producteur du 78 mais je n’en dirai pas plus. Pour les soirées, on aimerait bien en organiser au moins une ou deux cette année, selon les opportunités.
Sur l’artwork de ce nouvel EP on retrouve à nouveau la thématique du château, déjà présente sur Castle Owner sorti en 2018. Peux-tu nous parler de cette passion et plus particulièrement de votre collaboration avec Manuel Moreno Cortes qui avait déjà signé le visuel de l’album de Sunareht ?
J’ai lu Le Château de Kafka à un moment où je commençais à produire de la musique. Sans vouloir en faire trop, le château représente dans le livre un lieu hautement mystérieux où tout semble se jouer, mais jamais le personnage principal ne peut y accéder. Je trouvais ça fascinant et compatible avec une certaine idée de la musique qui m’intéressait, et que je cherchais à faire, qui serait diffusée dans un club similaire à ce château. Quand à Manu, il a donc fait le visuel de l’album de Sunareht mais il avait également réalisé les artworks de notre première release, la compilation Boss Rush, en 2016, ainsi que le flyer de notre dernière soirée. On adore ce qu’il fait et c’est assez naturel de se tourner vers lui quand on veut un artwork. Je suis particulièrement fier de ce dessin qui me représente, criant de vérité !
Caesura de Le Dom est dispo sur toutes les plateformes via Paradoxe Club.