Première compilation, du label éponyme Putivuelta, collectif et soirées colombien.nes basé.es à Bogota et regroupant entre autres Ynfynyt Scroll, K_Hole Kardashian, SISTER Y BROTHER ou encore Baby Estupida, Putivuelta cherche à créer un futur imaginaire ou les genres disparaissent, dans tous les sens que peuvent recouvrir « genre ».
On y retrouve notamment No Boy, Merca Bae ou Chico Sonido pour les noms les plus connus à nos oreilles européennes. Mais bien loin de s’arrêter là on y découvre aussi une scène vive et diverse comme l’Amérique du sud ne cesse d’en produire depuis quelques paires d’années maintenant.
Il y a quelque chose de l’ordre de l’intention politique que l’on retrouve dans le projet de cette compilation, le projet d’un effacement des frontières pour créer le son imaginaire d’une diaspora d’Amérique du sud. Si l’on osait un néologisme le son d’un Pan-Sud américanisme, pour reprendre l’expression Panafricaine.
Au programme, toute la diversité « électronique » du contient et de sa diaspora : du dembow, du reggaeton, du neo-rnb pop, de l’hybrid-club, des emprunts, des bootlegs ou des genres vernaculaires.
Autant de genres, et de classifications qui s’effacent peu à peu dans la compilation, au profit de sa lecture globale et de sa volonté annoncée et réussie de produire une bande son mêlant insularité et diaspora dans un même mouvement.
Local et global, rien d’incompatible pour Putivuelta.
Il n’est plus question de pays, ou de contient, mais simplement de la bande son de ce futur imaginaire où les frontières seraient abolies pour laisser place à tous ces possibles que l’on ne peut encore connaître. Une sorte de futur maintenant.
Cette position qui travaille toute la compilation donne à entendre des morceaux particulièrement réussis dans leur brassage ou au contraire dans leur singularité.
Field5 par exemple de Habib1 mêle assez habilement sample post club, effets, ligne rythmique et percussions vernaculaires, mélodie internet et intensité électronique.
Au contraire Chico Sonido (qui sort 69 Bootlegs pack, ça a l’air magnifique, en juin) , insiste dans son néo-reggaeton jouissif, parfois plus proche du hip-hop que d’un reggaeton, disons, habituel. Ayeeemani nous plonge tout autrement dans un dembow passé à la sauce club, où l’on retrouve d’ailleurs un intéressant mélange avec ces mélodies post euro-dance si précieuses dans les productions du maestro du genre Dinamarca. Ou bien encore K.Hole_Kardashian qui nous offre une sorte d’électronique néo-transe qui n’est pas sans rappeler les darons de chez NAAFI, mais version digestion techno.
Sans s’appesantir sur chacun des 12 titres qui composent la compilation, Putivuelta réussi à nous faire entrevoir tous les possibles de la bande son d’un futur imaginaire (ou non, charge à chacun.e de le réaliser), sans frontière, où s’invente tous les possibles imaginables et peut-être encore plus.
Voilà en tout cas une première compilation, qui peut nous rendre tous et toutes bien curieux des suites à venir autour de Putivuelta. Un début très prometteur en tout cas.
Mention spéciale pour le morceau dembow neo-eurodance trance de Shiroi Kitsune qui est une sorte de masterpiece du genre, et aussi une sorte de rework du Niños de Dinamarca !
Gora Putivuelta.
Putivuelta Compilación Vol. 1 est dispo en téléchargement gratuit sur Bandcamp.