Un an après le premier volume, le label et collectif argentin HiedraH Club de Baile remet le couvert avec la compilation Bichote-k Bailable Volúmen 2
Au cas où cela vous aurait échappé, HiedraH est certainement un des labels les plus excitants de la scène post-club / hybrid club / actuelle. Plaçant définitivement l’Argentine (et pas seulement) sur la map monde de la musique électronique, le collectif s’est déjà construit une solide réputation locale avec des soirées incontournables qui secouent Buenos Aires depuis 2013. En 2017, HiedraH passe le cap tant attendu du label, projet dans lequel le collectif fera preuve de la même curation impeccable que ses soirées.
HiedraH Club de Baile dresse, petit à petit, sortie après sortie, une cartographie de plus en plus exhaustive des propositions musicales les plus novatrices d’Amérique du Sud (et parfois au-delà). Si chaque localité a bien ses spécificités, rythmes, et histoires qui lui sont propres, le collectif et label argentin fédère sous sa bannière une écurie de producteurs allant dans la même direction. Celle d’une musique électronique décomplexée qui redéfinit les règles et ouvre le champ des possibles d’une techno dite conventionnelle.
Après un bluffant EP du duo Sueuga Kamau, 1973, sur lequel les producteurs d’Oakland réimaginaient leur racines afro-américaines, le collectif et label argentin sortira donc ce 19 novembre la compilation Bichote-k Bailable Volúmen 2. L’idée du premier volume sorti l’an dernier et à l’occasion duquel nous avions interviewé les producteurs de HiedraH, Nahuel Colazo et Ybán L. Ratto, était de réinterpréter la traditionnelle cumbia villera argentine en y intégrant des éléments de club music hybride, contemporaine et expérimentale. Une rencontre des thématiques chères à l’essence même du collectif soucieux de promouvoir la singularité des minorités d’Amérique latine. Sorte de CD pirate composé de bootlegs et version revisitées non-officielles, digne de l’héritage des emblématiques compilation Pirata de NAAFI, comme en témoignait le visuel reprenant le fameux type CD.
Tandis que le premier volume était composé de membres directs du collectif et se concentrait essentiellement sur la cumbia villera, cette seconde édition marque l’ouverture à une grande partie de l’Amérique du Sud. On retrouve ainsi des producteurs argentins mais également chiliens, uruguayens et péruviens, chacun revisitant un folklore et des variations locales de cumbia qui lui sont propres.
The need to put this compilation together was born because, for us, the tropical scene, its music, its dances, its culture, and its social representation cross us more or less equally, although with differences between each of the latitudes of Latin America.
Nahuel Colazo et Ybán L. Ratto
Après un premier extrait dévoilé il y a quelques jours, l’imparable « Cumbia Pirata » de l’argentin Marcos, HiedraH nous a confié aujourd’hui la diffusion du titre « Ahivalabala » du producteur uruguayen Ojosfinos. Sur ce titre, le jeune artiste, inspiré par la migration de ses grands-parents venus d’Egypte, a cherché à combiner une mélodie arabe avec la typique plena uruguayenne. Pour lui, c’était « un moyen de montrer au Rio de la Plata (estuaire commun à l’Argentine et à l’Uruguay, NDLR) que tout le monde n’est pas descendant d’espagnols ou d’italiens », nous a-t-il confié. Une démarche qui lui évoquait également le morceau « Ali Ba-Bá » du chanteur uruguayen L’Autentika, combinant justement la culture arabe avec la plena uruguayenne.
Bichote-k (à prononcer bitchoteka) est « essentielle pour comprendre que la musique électronique ne se résume pas à un seul genre et que tout le monde est capable de l’enrichir de sonorités uniques qui sont le résultat de pillages historiques, crises économiques et sociales desquel les américains (du nord et du sud) ont fait les frais », nous a expliqué Ojosfinos.
Pour moi, Bichote-k est le moyen de montrer au monde que nous les sudakas avons nos propres manières de faire les choses et elles valent autant que celles des autres, que ça plaise ou non.
Ojosfinos
Concernant ses prochains projets, Ojosfinos travaille sur un EP inspiré par la plena et la musique club, fusionnant le rythme uruguayen avec house, acid ou techno. À venir également chez HiedraH en 2021.
Bichote-k Bailable Vol. 2 sera dispo jeudi 19 novembre et est déjà en pré-commande sur Bandcamp.