Un premier album pour Ragazza XXI entre expérimentations percussives syncopées, polyrythmiques et tribal guarachero
Ragazza XXI est un producteur mexicain basé à Montreuil (proche banlieue parisienne). Son premier album La Flor de Jimulco sort sur le label Promesses ce vendredi 7 mai. Sur cette release, le producteur a puisé dans son background de batteur afin de livrer un travail centré sur la percussion et la rythmique. Le titre du projet fait quant à lui référence au Cañón de Jimulco (Etat de Cohauila, nord du Mexique), lieu où sont nés les cantos cardenches, un genre de musique a capella très mélancolique.
On avait déjà remarqué le nom de Ragazza XXI sur la récente compilation Promesses Vol. 1, son titre fortement teinté de tribal guarachero n’était pas passé inaperçu de nos oreilles. Genre bluffant s’il en est et aussi (relativement) récent que fascinant, le tribal (au sens mexicain du terme) passe bien en-dessous des radars occidentaux qui captent plus facilement ses voisins caribéens que sont le dembow ou le reggaeton (tout aussi fascinants). Avec sa polyrythmie, le tribal fait plutôt penser à des genres régionaux comme les chilenas de Oaxaca (dont on retrouve l’influence dans le travail de DJ Tetris) ou, bien plus au sud, aux caporales boliviennes (revues et corrigées dans les productions de Funeral).
Ce qui attire l’attention chez Ragazza XXI, c’est que son travail réinterprète et confronte le tribal à d’autres genres locaux. Le long de son album, on peut entendre des bribes et inspirations venant du dembow, de la cumbia, du baile funk, du kuduro ou encore du tarraxo. Encore plus inattendu, le producteur ne se limite pas à extraire la fameuse polyrythmie du tribal, mais s’attarde sur d’autres éléments. C’est le cas sur « Cuartos de lustro », notre extrait en écoute en haut d’article, où Ragazza pose, sur une rythmique entre kuduro et coupé/décalé, l’inimitable son de synthétiseur caractéristique qui évoque tout de suite le tribal guarachero. Lead inimitable que l’on retrouve sur toute bonne track de tribal guarachero (qui permet de l’étiqueter comme tel, en fait), que ce soit chez DJ Mouse, Alan Rosales ou 3ball MTY, ce synthé est parfois remplacé par un.e chanteur.se pour les morceaux les plus « pop ». Totalement absent du tribal prehispánico de Javier Estrada ou Alfonso Luna, le synthétiseur de la version guarachero du tribal est sans doute une trace de l’héritage EDM du genre mexicain, ce qui peut froisser l’oreille occidentale ou bien pensante qui va lui préférer la variante préhispanique. Ragazza XXI lui s’en soucie guère et livre ici un banger absolument imparable qui secouera les open air de la petite ceinture parisienne aux rooftops de Mexico sans aucun doute.
Si le tribal « mexicain » (englobons tribal guarachero, tribal prehispánico et tribal costeño) semblait s’essouffler après le boom commercial du début des années 2010, il est assez plaisant de le retrouver métamorphosé, actualisé et réinterprété dans des projets comme celui de Ragazza XXI, que l’on mettra dans nos clefs USB entre El Irreal 21 et Nick León.
La Flor de Jimulco de Ragazza XXI sort chez Promesses le 7 mai en cassette et digital, pre-order sur Bandcamp.