Dandelion 1 est le premier chapitre d’une méga compilation imaginée par Parkingstone. Parkingstone c’est quoi ? Pour ceux qui ont vécu dans une grotte ces trois dernières années, Parkingstone est sans doute ce qui a été une des plus belles tentatives de faire vivre la fête autrement ces dernières années en France et en Europe. En tout cas une tentative d’utopie politique contemporaine et militante où la question n’est pas simplement de faire la fête mais aussi d’imaginer un monde où l’hétéro-patriarcat blanc aurait laissé la place à une pastorale trans.
Une pastorale trans, c’est l’idée d’une vie, d’un lieu où pour un temps l’ensemble des oppressions du monde, économique, de genre, de race, se suspendent pour laisser place à la vie non médiatisée par les dominations qui traversent nos vies.
Dandelion 1 ou la description d’une brèche.
C’est finalement bien là l’enjeu de ce premier volume de la compilation Dandelion, rendre compte par la musique d’une brèche dans le monde dominé comme il va. Et en rendre compte par le contemporain de la musique, sans message a priori autre que celui d’un monde qui mute et s’hybride.
Dans ce premier opus on retrouve un habile mélange entre local crew et musique globale. On retrouve donc aussi bien Ange Halliwell et sa harpe, que Chino Amobi un des boss du très important collectif de diaspora Africaine Non Worldwide, qui a marqué la deuxième moitié des années 2010, ou bien encore Imaabs figure de prou de la scène Sud Américaine qui fricote avec les NAAFI et s’occupe actuellement de médiatiser autant que possible la situation insurrectionnelle Chilienne. Dans ce sillon la compilation regroupe aussi Paul Marmota et Ziúr qu’on adore beaucoup à la rédac.
On croise aussi dans Dandelion 1 Tygapaw qui représente elle, une scène néo-vogue plutôt proche des expérimentations proposées par Fade To Mind au début des années 2010 tout en radicalisant vraiment la démarche (on avait parlé de son dernier LP ultra important et énervé). Plus loin c’est le retour du local crew avec la déesse du vnr Crystallmess qu’on ne pourra jamais cesser d’aimer tant elle fait du bien dans le paysage hexagonal et puis pour finir d’ouvrir le panorama on retrouve aussi Kilbourne dans le genre mettons le cap sur la puissance, ou encore Baby Blue.
Chaque artiste présent.e sur cette compilation mériterait une citation, mais le plus simple c’est peut-être d’aller écouter la compilation pour se rendre compte de l’excellent travail curatorial réalisé par Simone Thiébaut durant les années Parkingstone qui ont l’air de prendre un nouveau départ avec ces compilations.
Au delà d’un simple descriptif, en citant les artistes, il paraît important de mettre l’accent sur ce que dessine ces compilations, les collectifs représentés (Bala Club / NON / NAAFI / Staycore etc) et les artistes invité.e.s, sont vraiment ceux qui écrivent une nouvelle cartographie de la musique. Celle qui n’est plus simplement centrée autour d’une vision dominante, blanche, hétérosexuelle et occidentale. Celle qui déplace les codes et les enjeux pour sortir de la fête triste et rentrer dans la fête du maintenant, du sensible, des vies et des corps de chacun et chacune.
Les compilations Parkingstone sonnent et annoncent peut-être une nouvelle ère, en tout cas on l’espère. Une ère où chaque vie compte, ou chaque corps est politique, et ou chaque pas de danse dépasse un peu le simple consumérisme d’une soirée pour construire un futur possible, un futur hybride, un futur trans où tous et toutes se mêlent dans le respect, les identités multiples et la nécessité de créer autre chose que le monde gris qui nous sert de dancefloor mortifère.
If I Can’t Dance I Don’t Want To Be Part Of Your Revolution, disait Emma Goldmann. C’est peut-être aussi ça que met en pratique Parkingstone.
Une relesase party s’annonce pour le 7 Février on vous engage vraiment à vous y pointer parce que ça sera vraiment bien.
La compilation 2 est déjà en ligne et téléchargeable sur le Bandcamp de Parkingstone, le troisième volume arrivera fin janvier et il s’annonce tout aussi beau et bien !