syntrovert gathering dntfck couvre x chefs
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Syntrovert ou l’hybridation des Internets sur « The Gathering »

À la croisée des chemins de l’hybridation des internet, on retrouve encore un coup de maître avec le EP The Gathering, du producteur chilien Syntrovert, qui sort chez l’excellent label mexicain DNTFCK.

On note quelques tropes utilisés sur SWORD, l’excellent précédent EP sorti chez AGVA, le collectif et net label de Buenos Aires, où le voguing était passé à la moulinette du continent sud-américain avec force, vigueur et pertinence. Une radicalisation assez violente qui cognait bien fort… Dans The Gathering, la démarche se radicalise encore, l’approche est moins directe, l’hybridation est plus totale, on retrouve bien quelques figures traditionnelles de la vogue music aux détours de samples, boucles ou rythmiques, mais on trouve aussi de l’expérimentation beaucoup plus brut, des nappes de synthés bidouillées, quelques sonorités presque électro-clash, des choses très « post-internet », « post-vaporwave », des pointes hip-hop et bien évidemment du sample « post-NAAFI ».

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The Gathering, Syntrovert [forth. DNTFCK, art. César Ch]

Ce qui est particulièrement intéressant dans la construction de cet EP c’est qu’on peut de loin en loin identifier d’où viennent certains samples, d’où viennent certaines boucles, mais pour autant, le travail fait sur la production et la mélodie rend l’ensemble tout à fait actuel, novateur et même assez jouissif.

Il y a toute une scène dans The Gathering, que l’on passe son temps à identifier et désidentifier, avec comme trame toujours le voguing, c’est plutôt vraiment ingénieux et sacrément bien foutu. L’arrivée des nappes mi vaporwave, mi synthwave, mi référence eurodance façon Dinamarca, rajoute un truc ultra classe et malin à la construction d’ensemble du LP. C’est divers et hybride autour d’une re-vistiation de la musique vogue, c’est à mi chemin presque entre dj-set qui rend fou et des productions balaises, y a un côté Infinite Machine dans The Gathering. Gloubiboulga hybride qui affiche la couleur assez franchement.

Premiere : « Hunt », de Syntrovert

Finalement, tout ça est assez à l’image du titre, The Gathering, un rassemblement qui ne cesse de citer, d’emprunter, pour produire autre chose et de manière plus que maligne.

Il y a vraiment quelque chose de l’époque dans cet EP, quelque chose de la fin post-moderne, l’hybridation on ne fait plus qu’en parler, on la vit et on la met en pratique. Il ne s’agit plus de pop philosophy ou de référence aux cultures populaires, mais belle et bien de la vie et de la production qui se fait sans distinction, sans hiérarchie, avec ses propres langues vernaculaires, ses propres systèmes de référenciation, et de construction.

Syntrovert, source Facebook

Souhaitons, que la puissance de la musique ouvre une ère vraiment nouvelle, où les dominations cessent de contraindre les corps et les esprits dans des préoccupations issues d’un croisement étrange entre fin du 19ème siècle, libéralisme post-Seconde Guerre Mondiale, néo-libéralisme façon Pinochet/Reagan/Thatcher et post-modernité du capitalisme financier. Un vœu pieux ?

Hybrider tout, c’est l’avenir et Syntrovert le fait vraiment très bien ! Comme quoi abolir les frontières c’est aussi libérer l’imagination.

The Gathering de Syntrovert sera disponible le 31 mai sur DNTFCK.