ParkingStone, avec sa nouvelle compilation Virgō, dresse une cartographie non pas tant de la fête, mais de cette attente de la vie-même.
Tout commence comme une ambiance bizarre, une ambiance douce-amère, quelque chose qui stagne un peu. Comme une fête éteinte, triste mais jolie, comme une attente, comme quelque chose qui est là sans être là, qu’on n’ose pas toucher, qu’on n’ose pas vraiment envisager. Une ambiance presque de contemplation. Quelque chose d’une ascèse, très mélodique, très tendue mais dans la retenue, vers l’idée que peut-être quelque chose se passe en dessous de cette nappe répétitive et harmonique de Coby Sey.
Puis c’est toute la compilation de ParkingStone qui s’étale sur ce mode, cette ambiance, cet atmosphère, ce quelque chose un peu sourd qui pointe partout mais qu’on a du mal à distinguer, ce quelque chose de la vie intense qui manque à tous nos corps vivants. On la sent, elle pointe avec FAKETHIAS ou le Spirit Liberation Front, elle est une poésie qui traverse avec CECILIA, ou d’autres mélodies encore avec ssaliva, dasychira, ou nunu, ou d’autres ambiances étranges et bizarres avec Yikii ou kittens in the bin et puis ce souvenir de la fête quand même, celle qui tape, celle qui cogne, celle qui défoule et libère les corps, avec PTWIGGS x FALSE PRPHT (pas sans rappeler le disparu B L A C K I E et Death Grips), ou Cnámha.
Virgō, déjà troisième compilation de ParkingStone (après le triptyque Dandelion puis Blist), maintenant label, est sans doute une cartographie non pas tant de la fête, elle n’existe plus que si réduite que c’est peu dire qu’on l’attend à renaître, mais justement de cette attente de la vie-même qui s’est arrêtée il y a déjà plus d’un an. Mais pas sur le mode « vivement le retour à la normale », plutôt sur le mode « nous sommes là, nous sommes en sourdine, en sous-terrain, sous terre, caché, tapis, mais nous allons faire naître quelque chose, quelque chose d’entièrement nouveau et libérateur, quelque chose de l’ordre de l’émancipation collective à l’heure d’une autogestion généralisée de la vie. On existe ».
« Et je voudrais mourir pour te revoir encore » nous dit CECILIA dans son poème neigeux, peut-être que c’est ce monde d’une vie quadrillée et gérée comme une start-up qui doit mourir pour qu’encore on puisse revoir quelque chose de l’ordre de la vie-même, dégagée de l’enfer biopolitique.
Virgō, c’est quelque chose comme l’ambiance d’une lente attente démesurée, les souvenirs d’une vie autre, la mélancolie d’une libération encore à venir, et c’est encore une fois un opus, plus que réussi où l’on voit se dessiner, de plus en plus nettement les contours d’une scène qui ne cesse d’hybrider, d’interroger, de proposer, d’être vive et puissante, d’être radicalement toujours autre, et de renouveler ainsi les possibles d’un demain qui reste à advenir, sans hiérarchie des continents, des peuples, ou des genres.